lundi 6 février 2012

Niaiseries#1

Le diocèse de Saint Etienne fait dans l’humour. Pour leur campagne du denier 2011, l’évêque et son économe prenaient des mines de Deschiens pour détailler en nature leurs ‘besoins concrets’. Cela donnait : «200.000 litres de fioul» ou encore «le diocèse recherche également 191 familles pour loger, nourrir, blanchir les 191 prêtres du diocèse». Le clip concluait «Sinon, il y a le denier de l’Eglise». C’était somme toute assez bien vu, un peu horizontal mais bon enfant.

Hélas, la campagne 2012 prend ce mode bon enfant au pied de la lettre! le nouveau clip est une démarque du précédent, avec des gamins dans le rôle de Monseigneur, de son économe, et de toutes les autres personnes. Enfant-animateur de messe, enfant-prêtre qui baptise une poupée, enfant-évêque qui retire une sucette de sa bouche et récite: «pour que toutes ces personnes continuent à faire ce travail très chouette nous avons besoin de sous». Voyez plutôt:


Honnêtement, c’est très niais. Sans doute y a-t-il un public pour cela, c’est celui qui s’amuse des bêtises sages, qui rit de soi-disant mots d'enfants que l’on se refile d’une mamie l’autre, qui s'émeut de son propre attendrissement face aux «têtes blondes». C'est, à gros traits, la sociologie des «Le Quesnoy», cette famille aisée de «La vie est un long fleuve tranquille», le film d’Etienne Chatiliez. Et pourquoi pas, au fond? Les «Le Quesnoy» sont des gens honorables, il y aurait mauvaise grâce à leur reprocher leur gentillesse ou leur aisance – d’autant que c’est eux, typiquement, qui remplissent la caisse.

Le problème c’est qu’en France, en 2012, le catholicisme se réduit souvent à un trait identitaire de la bourgeoisie (petite moyenne et grande). Dans ce contexte, faut-il communiquer sur l’aspect ‘gentillet’? ce qui convient pour placer des lessives ou du poisson pané (éventuellement: pour promouvoir une association de bienfaisance) ne permet pas de faire passer l'Esprit. Tout de même! c’est d’Eglise que l’on parle, et ces saynètes enfantines (on y 'joue à...') me semblent particulièrement mal venues.

PS1 – Et que l’on ne convoque pas les «petits enfants» de l’Evangile – le Christ parlait de petits êtres fragiles et innocents, qui à l'époque n’étaient pas les personnes les plus importantes de leur famille. Quel rapport avec ceux du clip, qui sont des gamins contemporains, assurés dans leur jeu de la bienveillance (voire de la connivence) de leurs parents, grands- et arrières-grands-parents?!

PS2 – Il y a une certaine ringardise à faire en 2012 ce qu’on voyait dans les pubs télés d’il y a 20 ans, à savoir inverser les rôles d’enfants et d’adultes. Et bien... figurez-vous que La Croix y voit «une campagne choc».

12 commentaires:

  1. MISERERE NOBIS DOMINE

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  2. Certes, "campagne choc" est un largement exagéré. Cela dit je ne serai pas aussi dur que vous. Je ne correspond pas au modèle familial que vous pensez être visé par ce clip et pourtant je le trouve sympathique. Je le trouve gentillet, mais pas ringard. Mais peut-être dis-je cela parce que je suis moi-même père de famille ?

    Il reste que ce type de campagne est anecdotique, sympathique mais anecdotique. Sur ce point nous sommes d'accord. Mais bon, on a vu pire ! Ce clip fait très amateur en fait, c'est peut-être sa qualité (sentiment "d'authenticité") et sa limite (manque de force).

    En fait je m'attendais à pire voilà peut-être pourquoi je fais preuve de tant de bienveillance.

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  3. Comme vous êtes sévère, Webmestre et aussi assez méprisant !
    Du coup, vous ne voyez pas le message mis en filigrane du premier ( donner au Denier n'est oas difficile, c'est un jeu d'enfants) : "si vous voulez que l'Eglise "perdure", si vous voulez que les enfants d'aujourd'hui soient des Chrétiens demain, prenant le relais des diverses missions d'Eglise, n'oubliez pas le Denier qui permet à l'Eglise d'exister auprès d'eux".
    Ce message possède donc une gravité certaine sous ses dehors, non pas niais mais porteur d'Espérance malgré tout (car il ne faut pas désespérer les éventuels donateurs).
    Mgr Lebrun laisse parler les Catholiques de demain et c'est assez bien vu car plus agréable -coloré, gai, jeune- à regarder, que le couple économe/évêque ( ceci dit sans vouloir les offenser car tous deux ne sont pas repoussants tout-de-même !).
    Par ailleurs, je reconnais bien là le bel esprit d'enfance de Dominique Lebrun, lui-même issu d'une famille de 8 dans la banlieue du 9-3 !
    J'aime bien ce message, il est évangélique ; J'aurais aimé que mon diocèse de banlieue du 9-5 ait ainsi le souci des générations qui viennent.
    Une mère de famille nombreuse.

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  4. Il manque une information à ce commentaire, celle qui concerne l'aspect juvénile de Mgr Lebrun. En grande tenue, il a l'air d'un enfant déguisé en évêque. C'est ainsi. Mais il n'était pas obligé d'en rajouter, eu égard à sa fonction magistérielle. Son humour est peut être la politesse du désespoir, mais il avive le coté "minable" des conciliaires, appauvris de tout par leur propre sabordage.

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  5. Entièrement d'accord avec notre Webmestre. Vu la précarité matérielle dans laquelle l'Église de France a été plongée, pour cause de "Révolution", on comprend parfaîtement qu'Elle ait besoin de solliciter légitimement des dons mais franchir une certaine limite de banalisation dans la manière "à la mode" ou "dans l'air du temps" de le faire, est choquant, blessant même, au regard de Son Rôle, de Sa Dignité.

    Je me rappelle avoir entendu un prêtre utiliser les expressions de "business plan" et autre "part de marché" pour évoquer son budget "caritatif" paroissial...bof! Ce mélange des genres m'a serré le coeur, un peu comme ces pub. stupéfiantes en pays chrétien, qui se répandent à présent, en matière d'obsèques: "Laissez nous faire, tout se passera bien"...

    Pauvre France, décidément devenue une bien petite nation! Quant à moi, que l'on me pardonne! Toujours pas envie d'aller aux messes de tels "fonctionnaires du Christ".

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  6. Le denier de l'Eglise ... pas de quoi fouetter un chat . L'exhibition des " Brothers and sisters Act " ( ! )sur le parvis de Notre Dame m'a paru beaucoup plus gênant , au son de Happy Days . Nous ne sommes pas encore des Evangélistes !

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  7. J'ai vu cette pub sur KTO. C'est tristement infantile bien dans la civilisation de l'enfant-roi. Je ne pense pas que cela attire les donateurs potentiels qui ont horreur qu'on les prenne pour des imbéciles. En tout cas en terme de pub, c'est un flop.

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  8. Qu'est-ce que vous avez tous contre les enfants ?

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  9. En attendant, le denier du culte a augmenté de 3% dans le diocèse de Saint-Etienne. L'ordinaire du lieu était venu en ciré et sac au dos à une marche pour la vie : ses intentions ne sont pas forcément mauvaises. Son numéro, style Chevalier et Laspallès, était déjà croquignolet, mais la parodie qu'en font les enfants franchit un degré de plus dans l'autodérision. Je ne dirai pas que c'est niais, c'est autodestructeur. Ces enfants sont drôles. Un an avant, l'évêque et son économe faisaient les clowns. Les enfants ont tout de suite pigé le côté grotesque de la chose. On les voit, hélas, mimant avec des grimaces une messe de Paul VI. Il faut dire que les célébrants ne sachant que faire pour "animer" leurs pauvres prestations, prêtent le flanc à ces imitations chansonnières. Que prévoit-on comme augmentation cette fois-ci : 10% et 30% de donateurs en plus? On frémit pour la prochaine campagne : style folies-bergère ou la cage aux folles? Va-t-on faire appel à des conseils en marketing, à des metteurs en scène, des acteurs, au directeur du théâtre du Rond-Point, à Max Guazzini? Mgr di Falco, évêque de Gap, a de son côté trouvé une solution avec ses prêtres chanteurs.

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  10. A gaillardon

    Vous êtes dur avec Max Gazzini qui est un type super-bien et ne se prèterait jamais à de telles pitreries. Ce gars a relancé le rugby, NRJ et le chant grégorien. Que demander de plus ? Et Max est un vrai chrétien. Je pense que si les évêques lui confiaent le Denier du culte les produits deviendraient vertigineux.

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  11. En tant qu'ancien du Stade Français et actuel supporter de son équipe de rugby, je n'ai rien personnellement contre Max Guazzini. Je l'ai rencontré dernièrement à Réunicatho et lui ai serré la main. En cas de contrat pour la promotion du denier du culte, j'espère seulement qu'il s'inspirerait plus du CD de musique grégorienne que du calendrier du SF.

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  12. a Gaillardon

    Vous avez vu hier : le match au stade de France a été annulé in extremis. Il y a eu quelques sifflets et manifestations de mauvaise humeur, mais tout le monde est parti dans le calme. Je précise que les spectateurs venus de l'étranger n'ont pas manifesté bruyamment : ils sont partis discrètement sans demander aucune compensation financière. On peut imaginer leur déception. Chapeau les gars. Même les Français n'ont pas trop râlé. Il y a vaiment un miracle permanent dans ce sport.


    Maintenant, imaginez un seul instant qu'un match de foot ait été annulé dans des conditions similaires : je vous laisse imaginer la suite.

    NB Je ne voudrais pas apparaître méchante langue, mais l'arbitre qui a pris la décision d'annuler la rencontre était un ressortissant de la perfide Albion ; n'y aurait-il pa anguille sous roche ?

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