Le Père Guy Gilbert est un prêtre réellement atypique. Cheveux longs, costume de loubard des années 60, et parler argotique. S'engage pour le mariage des prêtres, vote communiste, et célèbre les sacrements selon un rite… très personnel. Jusque là, hélas, rien de bien rare! Ce qui fait de Guy Gilbert un prêtre réellement atypique, c’est que son anticonformisme n’est pas devenu un conformisme. S’il peut être choquant (pour nous) sur certains points, il n’hésite pas à l’être (pour d’autres) avec ses positions parfaitement catholiques sur le mariage ou l’avortement – et sa pratique du rosaire.
Du reste, son ouverture n’est pas à angle réduit, comme en témoigne sa visite au séminaire de la FSSPX, racontée dans La Croix du 2 juillet 1999:
«En face du petit sommet, la nouvelle basilique d'Ecône s'illumine. Cette lumière, de loin, m'appelle. Mes frères intégristes sont là. […] Le supérieur du séminaire, Benoît, grand et hiératique, m'accueille, avec quelques séminaristes. Soutanes strictes, évidemment. Elles me rappellent celle que j'ai porté sept ans. J'y étais fort attaché. Je l'ai toujours gardée. Même si mon blouson noir est, depuis trente ans, ma tenue de combat. […] Nous avons parlé du prêtre et de la beauté du sacerdoce. Pas de phrases plates pour le dire. Seulement des mots qui cachaient nos divergences pour vivre le Christ au coeur d'un monde dont l'Eglise est si loin. Une photo demandée par le supérieur nous a réunis. ‘Priez pour moi’, ai-je lancé à mes frères chrétiens. Benoît m'a demandé la réciproque.»De fait, pendant quelques temps la photo de Guy [Gilbert] et de Benoit [de Jorna] a figuré en bonne place sur la site du Séminaire d’Ecône. Autant dire que quand Guy Gilbert parle de ‘nous’, on peut lire avec intérêt. Ses propos d’aujourd’hui dans La Nouvelle République sont hélas d’un autre tonneau. Le journaliste le questionne à propos d’«un projet d'école intégriste» près de Chateauroux, Guy Gilbert répond :
«Je suis hostile à ça. Le problème des intégristes, c'est qu'en refusant Vatican II, ils se coupent du monde. 2.500 évêques ont essayé de donner un feu nouveau au catholicisme pour s'adapter aux temps nouveaux. Or, les intégristes refusent ces temps nouveaux et l'œcuménisme.»
Bigre, me suis-je dit, d’où lui vient cette colère! Et puis j’ai compris que c’était peut-être de l’amertume? et qu’elle s’expliquait sans doute par la suite du propos - qu’il faut lire plusieurs fois :
«J'admire les vieilles taupes qu'on prend pour des grenouilles de bénitiers, d'avoir su passer à une liturgie beaucoup plus adaptée au monde d'aujourd'hui ! Mais les intégristes n'ont pas passé ce chemin-là. Si la liturgie s'adaptait à son temps, les gosses s'emmerderaient moins à l'église.»
Ce que nous dit Guy Gilbert, au fond, c’est que cette liturgie «adaptée au monde d'aujourd'hui», dont nous nous méfions nous traditionalistes, est le fait de «vieilles taupes», de «grenouilles de bénitiers». Pis encore: «les gosses s'emmerderaient» dans les églises, après 40 ans et plus de cette adaptation au monde. Alors si en face les intégristes en sont (eux) à élargir leurs écoles… il y a de quoi, au soir d’une vie, être un peu amer.
Sous l'ancien Régime on aurit dit de Guy Gilbert qu'il est un "abbé de cour". Toujours du côté des "intellectuels" bien pensants mais prêt à faire sa cour au monarque détesté pour en retirer quelque honneur (à défaut de l'Académie on se contente de la Légion d'honneur). Bref une sorte d'abbé Mably - au petit pied bien entendu car Mably avait un véritable talent littéraire - dont il me semble partager une espèce de socialisme utopique mais teinté d'un vague chrstianisme et en tout cas d'une véritable haine de l'ordre social français et catholique.
RépondreSupprimerPas d'accord. Se differenciant de certaisn catholiques progressistes, il n'a jamais cache son attachement, par exemple, a des formes de piete populaires. Sur le plan politiques, il ne s'est jamais speciale;emt affiche de gauche.
RépondreSupprimerEn revanche, il est vrai qu'il a toujours bataille contre un "ordre social" conservateur, conformiste et bourgeois. Et catholique par opportunisme, mais pas precisement chretien.
Et il est vrai que ce conformisme d'apparence catholique nous a fait beaucoup de mal, car il a favorise des exces de Vatican II, a fait fuir des ames sinceres et des esprits d'elite, et a ete la cible de bien des caricatures.
Regardez les dessins de Cabu dans les annees 70!
Pendant trop longtemps, en France, dans les esprits, "catholique" voulait dire "ennuyeux, conformiste, severe, passeiste, repressif, disciplinaire". Comme si la bourgeoisie (Tant liberale que reactionnaire) s'etait servie de l'Eglise francaise pour mieux controler les electeurs.
Heureusement, cette image est en train de changer et il faut le dire, en partie grace des immigres d'Afrique Noire que "Liberation", "Charlie Hebdo" et le "Nouvel Obs" ont bien du mal a faire rentrer dans le cadre des catho-facho-sabre-goupillon etc...
S'il fallait chercher des abbes de Cour (J'aime cette expression), j'aurais plutot pense a La Morandais.
Mais je peux me tromper bien entendu.
Bizarrement, il y a un certain temps, un article sur lui etait passe sur www.fdesouche.com . A ma grande surpsie, Guy Gilbert etait honni par les moins de trente ans (Profil natio) mais respecte et aime par les soixante-huitards (Pas forcement chretiens du reste).
En esperant n'avoir offense personne...
Dire que la messe à gogo par exemple, est plus adaptée au monde d'aujourd'hui est très glissant. C'est. Peut-être la messe tridentine qui est plus adaptée car elle développe le sens surnaturel dont le monde a davantage besoin.
RépondreSupprimerRéponse à AnonymeFeb 21, 2012 02:15 AM
RépondreSupprimerJe dirais plutôt de La Morandais que c'est un "abbé mondain" ce qui est un concept très différent, c'est un monsieur qui n'a pas d'idées mais qui se sert de son état clérical pour être reçu dans le monde et dans les médias, mais cela ne va pas au dela.
Guy Gilbert, lui, c'est très différent. Il veut faire passer un message et fréquente les puissants de tous bords. Il est d'extrème gauche et se vante de voter communiste. Il a la haine de la droite mais fréquente Chirac et Sarko. Bref, comme les abbés de cour du XVIIIè siècle, tout et son contraire. J'ajoute qu'il sait admirablement soutirer de l'argent des riches qu'il feint d'abhorrer. Enfin, vulgaire, voire même grossier, en public mais d'une grande courtoisie dans le privé. Bref, en un mot comme en cent, on est loin du Curé d'Ars.
Guy Gilbert déclare : "Si la liturgie s'adaptait à son temps, les gosses s'emmerderaient moins à l'église"
RépondreSupprimerA ce compte, pourquoi les chants liturgiques n'en passent-ils point par le rock ou par le rap, histoire de rester "adaptées" ? Pourquoi la langue liturgique, qui a déjà cessé de nous "emmerder" avec son latin, ne se met-elle pas tout bonnement à parler comme un charretier ?
Quant à l'alibi des "gosses", il me rappelle un passage des Confessions (livre Ier, chap. 19) où Saint Augustin nous précise comment il faut vraiment comprendre la place des enfants dans le christianisme :
« Tels ils sont alors au sujet de leurs noix, de leurs halles, de leurs oiseaux, avec les maîtres et les surveillants, tels ils deviennent par là suite à l'égard des rois et des magistrats pour de l'argent, des terres, et des esclaves; c'est le même fonds de corruption dont les années changent seulement les effets, de même qu'aux légers châtiments des écoles succèdent les supplices et les bourreaux. C'est donc seulement la petite stature des enfants que vous avez considérée, ô mon Sauveur et mon roi, comme un symbole d'humilité, lorsque vous avez dit en les montrant : Le royaume des cieux est à qui leur ressemble. »
Pour conclure, la liturgie n'a pas à s'adapter au "temps" qui passe ni aux enfants - sauf à devenir le jouet des démagogues, des apprentis sorciers et autres abbés de basse-cour.
Bravo pour les abbés de basse-cour. On pourrait faire remarquer au sieur Gilbert que la Messe est un sacrifice et que l'on n'y va pas pour s'amuser ; c'est quelque chose de sérieux où l'on commémore la mort et la résurrection du Seigneur et qui exige de la gravité.
RépondreSupprimerPar ailleurs je plains les enfants qui seraient éduqués selon les principes de cet ecclésiastique démagogue. La vie n'est pas un perpétuel amusement et il faut bien apprendre aux enfants à "s'emmerder". Qui ne s'est jamais "emmerdé" en étudiant les mathématiques, le latin ou la cosmographie en classe, et pourtant l'étude est indispensable. C'est mépriser les jeunes que d'aller au devant de tous leurs caprices. Dans ma jeunesse j'ai servi tous les jours la messe en vigueur à l'époque et je ne me suis jamais "emmerdé" un seul instant, au contraire je suivais religieusement l'office et j'étais tout fier de répondre en latin, j'avais l'impression d'être pris au sérieux et non pour un momichon.
NB j'ai vu à la Télé que la norvégienne candidate à l'élection présidentielle (qui, elle, aura ses signatures)employait le même vocabulaire que notre abbé de basse-cour. Bref, qui se ressemble s'assemble.
Monsieur l'abbé Benoit de Jorna a été trop bon avec cet olibrius.
RépondreSupprimerAnonyme du 21/02 02h15
RépondreSupprimer"pendant trop longtemps en France 'dans les esprits'(lesquels?)catholique voulait dire...."
C'est le genre de phrase qui ne veut rien dire et que vous répétez sans esprit critique et qui sert dans l'esprit des rhéteurs à faire valoir leur catholicisme édulcoré.
Je ne suis pas un catholique dit "traditionnaliste" mais bien "pire" , un moyen-ageux-baroque et un pagano-judéo-chrétien qui en a assez de ce catholico-christianisme honteux lamentablement soumis à l'air du temps et qui , en plus, croit avoir, tout d'un coup, découvert le vrai christianisme.
On croit réver tellement c'est nul intellectuellement et moralement indigne, contraire à toute Tradition catholique !
Quoi ! Le roman , le gothique, le baroque...tristes , ennuyeux et conformistes ? Et les disputes théologiques qui étaient autre chose que les pseudo débats feutrés et formatés des bernardins etc ? C'est une plaisanterie !
Où est le conformisme ?! Il est là maintenant devant vous à haut débit et en continu.
Quant à G.Gilbert ,qui n'a pas un mauvais fond certainement, il est rentré dans un role et dans un conformisme médiatique
superficiel. Il s'est ,en tous cas, souvent affiché "de gauche" avec des positions politiques très tranchées et à l'emporte-pièce dans son émission hebdomadaire sur radio n-dame. Il s'était même ouvertement dit opposé à l'élection de Benoit XVI le jugeant trop "conservateur".
A Hermeneias
RépondreSupprimerJe trouve votre réponse inutilement violente et blessante et surtout sans contenu explicatif. Quand on manie l'invective, c'est que l'on a aucun argument à opposer.
Quant à notre abbé de basse-cour il ressasse les mêmes poncifs depuis 40 ans,mais ne semble plus guère intéresser les jeunes. Il s'adresse plutôt à un segment de la tranche d'âge des 60-90 ans. C'est un peu comme si une marque de lave-linge continuait à utiliser la "mère Denis" dans sa com.
A l'époque on ne disait pas lave-linge mais machine à laver. On a dit lave-linge pour distinguer d'avec la machine à laver la vaisselle. Bref un truc de com idiot, comme d'habitude.
RépondreSupprimeroui c'est sur le modernisme c'est autre chose: http://www.herault-tribune.com/articles/30103/villeneuve-les-beziers-le-pere-guy-gilbert-avec-les-brescoudos-a-fleur-de-peau/
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