"Un fait demeure, inexplicable rationnellement, outrepassant les frontières de l'improbable. Tout aurait dû s'arrêter à la pierre roulée du tombeau de Joseph d'Arimathie, creusé près d'un jardin, aux portes de Jérusalem. Abattus après l'arrestation de leur maître et la tragédie du Golgotha, les disciples étaient anéantis par sa mort ignominieuse sur une poutre. Or, étrangement, tout a commencé là. Ce troupeau de fuyards apeurés s'est métamorphosé soudainement en un groupe non de fanatiques hypnotisés, mais d'hommes libres, brûlants de conviction, prêts à donner leur vie pour annoncer partout la bonne nouvelle. Saisis par un événement inouï - l'éblouissement pascal -, fous de joie et d'émerveillement, emplis d'une certitude absolue, celle d'avoir retrouvé leur Maître vivant, de l'avoir vu après sa mort, de l'avoir touché, d'avoir mangé en sa compagnie, ils sont devenus les témoins rayonnants d'une vérité libératrice, persuadés que la croix n,'était pas la fin, mais,au contraire, le commencement de l'espérance"Jean-Christian Petitfils, Jésus, éd. Fayard 2011 p. 478
Dans cette semaine que nous consacrerons toute au Christ, je voulais vous lire un extrait de la conclusion du Jésus de Jean-Christian Petitfils, qui indique bien jusqu'où peut aller l'historien. Le rôle de l'historien est de chercher les causes des événements qu'il décrits. Qui n'a pas planché sur les causes de la Première Guerre mondiale dans sa scolarité ? C'est une boucherie sanglante, absurde, un événement surréel où des millions de jeunes hommes trouvent la mort. Mais ce n'est pas un événement inexplicable. L'historien Petitfils est obligé lui de dire, au nom même de la science qu'il illustre avec tant de talent en d'autres registres, que cette fois il n'y a pas de raisons à donner. La naissance de l'Eglise est humainement inexplicable sans la Résurrection.
Objectivité rare et qui, paraît-il, rencontre des ennemis jusque chez les catholiques se voulant les plus orthodoxes. Etrange !
Si vous voulez vous laisser prendre par le Christ, le Jésus de Jean-Christian Petitfils est une synthèse parfaitement écrite (ça compte !) et très bien informée sur tout ce que nous pouvons dire de l'homme Jésus aujourd'hui. Une lecture de Carême ?
Un fait demeure inexplicable pour tout homme même et surtout incroyant, et je ne dirais pas comme Jean-Christian Petitfils ou pas seulement, que ces hommes "étaient brûlants de conviction...fous de joie et d'émerveillement, emplis d'une certitude absolue,..les témoins rayonnants d'une vérité libératrice, persuadés que, etc."
RépondreSupprimerJe dirais qu'il s'agit d'une histoire d'amour, d'une tragédie d'amour et que, par conséquent, elle n'a point d'équivalent. L'Evangile est plein de témoignages de l'amour que chacun des apôtres apporte au Christ Jésus : "tu sais bien que je t'aime !" ; Pierre qui se jette à l'eau pour aller plus vite le rejoindre sur la rive ou qui part en pleurant après l'avoir trompé ; Jean qui pose sa tête sur son coeur ; Judas qui sort dans la nuit et qui va faussement l'embrasser puis qui se pend...le don absolu de la personne de chacun d'entre eux à la personne-même de Jésus. Et cela continue, c'est cela qui est fou, cela continue même après sa mort et sa résurrection et son départ vers le Père. C'est brûlant d'amour que Paul se mue en disciple complet, absomu ; que plus tard Augustin change sa vie, ainsi de suite jusqu'à nos jours, chaque homme, chaque femme qui change sa vie à cause de Lui le fait non par intime conviction, par certitude, mais bien par amour sans que jamais quiconque puisse convaincre personne du ridicule, de l'abus, de la mièvrerie d'une telle attitude.
Sans même que quiconque puisse convaincre les hommes d'un excès, d'un totalitarisme, d'une addiction, d'une pathologique et néfaste influence.
Au contraire c'est cet amour visible dans ses fruits : amour du prochain, oeuvres auprès des petits et des pauvres, oeuvres hautement artistiques dans tous les domaines, apport à la civilisation, qui ne peut qu'emporter l'intime conviction :"voyez comme ils s'aiment".
Une lecture de carême ? oui !
RépondreSupprimerje lis, doucement, la bible à côté, avec les synoptiques.... et j'avance doucement, avec Notre Seigneur.
Ayant eu la chance inouie d'avoir vécu dans ce pays... je remets mes pieds dans ceux du Christ, revois les paysages, retrouve les bruits et les odeurs, grâce à l'historien !
Si certains passages m'agacent, je passe ! ne fixant que Jésus, et restant à sa suite, tout au long de ce carême afin d'être avec Lui sur la Via Dolorosa, au pied de la Croix, et vivre cette grande histoire d'amour après la résurection, une histoire qui se vit toujours ...
Jésus de Jean-Christian Petitfils : http://www.livresenfamille.fr/p5160-jean_christian_petitfils_jesus.html
Curieusement ce livre, que je n'ai pas encore lu, a été vivement critiqué par un prêtre de la FSSPX, qui en donne une recension très négative http://tradinews.blogspot.com/2012/02/abbe-denis-puga-fsspx-jesus-selon-jean.html. C'est surprenant je trouve, car il me semble que Jean-Christian Petitfils a une démarche sincère d'homme de foi et d'historien rigoureux, non ?
RépondreSupprimerQu'il est beau, votre commentaire, ô premier anonyme! Une recension de toutes les preuves d'amour données par chacun des disciples, y compris Judas, membre de l'Eglise au destin tragique et dont nul ne sait, à cette heure, où il est, je ne l'avais jamais vu faire à personne avant vous.
RépondreSupprimerQuant à l'émerveillement qui saisit l'historien Jean-christian Petit-fils aux limites, au sortir de la science, aux portes de la foi, il est le même que celui qui a subjugué, non l'âme, mais l'intelligence de saint Augustin, qui s'en ouvre dans "La cité de dieu".
Comment une révélation pareille, engageant tout l'homme et tout le devenir de l'humanité, a-t-elle pu reposer sur une bande de "bras cassés" (comme on dirait peu élégamment aujourd'hui), de pêcheurs peu instruits, pragmatiques, humains dans leurs réactions, pas médiocres du tout, non, mais tellement, chacun d'eux, l'un d'entre nous, ne faisant pas assaut de philosophie ni de savoir, propageant une sagesse, un amour, des paroles qui les dépassent, qui les portent et qu'ils ne pouvaient toutes porter, nous dit Jésus en Saint-Jean, dans le discours après la Cène.
Le merveilleux de cette histoire est la reconnaissance du Visage du Christ par ces hommes droits qui nous l'ont transmis. Nous sommes-nous déjà interrogés: "Qu'aurions-nous fait à leur place?" Pas grand-chose. Nous aurions haussé les épaules et pris Jésus, notre seigneur, et notre Maître, nous l'aurions pris pour un fou.
Alors oui, "ses petits" dont parle Jésus, "ses petits qui sont Ses frères", ce sont aussi et peut-être premièrement les apôtres, les pauvres bien sûr, mais les apôtres aussi, de quoi raviver notre amour de l'Eglise à la suite de Jésus Qui nous la fait aimer et respecter, comme "nos seigneurs les pauvres", ainsi que les appelait Saint Vincent de Paul.
Et encore oui, sur votre conseil, cher ou chère premier (ou première) anonyme, aimons le Christ avec la simplicité des disciples à qui nous devons d'être chrétiens.
A Viny
RépondreSupprimerSi vous voulez lire un bon bouquin sur Jésus, je vous recommande tout simplement le livre de Benoît XVI au titre éponyme. Il n'y a pas de souci il s'agit d'un ouvrage parfaitement orthodoxe. Un conseil : munissez vous d'un stabilo,d'une feuille de papier et de quoi écrire. Comme c'est un peu aride, donnez vous un objectif : par exemple dix pages par jour.
Sur ce je vous souhaite un excellent Carème.
NB j'ai gardé l'habitude, contractée lorsque j'étais étudiant, de recopier à la main (à l'époque nous n'avions pas d'ordis) tous les passages importants de mes lectures. Cela permet une meilleure mémorisation.
Ah merci. En fait, j'ai déjà lu (mais sans crayon) une partie de ce beau livre, assez exigeant en effet. La difficulté pour l'ignare que je suis c'est qu'il est très ciblé, et qu'il demande un connaissance des enjeux actuels, notamment dans le domaine de l'exégèse, pour être vraiment compris.
RépondreSupprimerMerci en tout cas pour votre excellent blog, et ces méditations de Carême, à partir de textes bien choisis, toujours stimulantes pour la spiritualité et la réflexion.
Réponse à Viny
RépondreSupprimerCertes, le livre de Benoit XVI est exigeant, selon votre exellent qualificatif, mais avec un peu d'effort on comprend tout. A mon avis il est moins difficile à lire que les théories absconses de Lacan dont toute la bourgeoisie "intellectuelle" se repait sans avoir eté au dela de la 10ème page. J'ai une théorie : l'effort et le travail, cela paie toujours.
NB si vous avez du temps à perdre lisez la LETTRE APOSTOLIQUE DU SOUVERAIN PONTIFE JEAN-PAUL II "MANE NOBISCUM DOMINE" de 2004 c'est absolument magnifique.