"Règle générale : ne pas identifier l’inconnu à l’étranger. Dieu est pour nous l’être le moins étranger (interior intimo meo) et le plus inconnu (personne n’a vu Dieu). Inversement, nous connaissons très clairement des choses qui nous sont profondément étrangères : les lois de la matière, le monde des chiffres etc. Aussi faut-il traiter Dieu comme un inconnu et non comme un étranger. On ne peut participer à son mystère qu’en renonçant à le dissiper. Les dieux fabriqués par l’homme sont les plus étrangers à l’homme"Gustave Thibon , L’ignorance étoilée p. 3
Saurons-nous nous habituer à cette Présence silencieuse qui est en nous, "plus intérieure que mon intime" comme disait saint Augustin, cité par Gustave Thibon ? Il nous suffit de fermer les yeux aux sollicitations du quotidien pour la ressentir cette Présence que nous ne pouvons désigner mais qui fait que même seul nous ne nous sentons jamais seuls. Ceux qui ont la foi l'appellent Dieu, ceux qui ne l'ont pas ressentent comme une nostalgie, un manque, quelque chose qui a été, et qui n'est pas loin, qui doit revenir : nostalgie, en grec la douleur du retour.
Présence qui n'est jamais étrangère mais toujours inconnue : la distinction de Gustave Thibon fait mouche. Mais ne suis-je pas moi-même un inconnu pour moi ? Est-il seulement possible de se connaître soi-même ? Si cette présence me reste inconnue, en me permettant seulement de mettre un nom sur le sentiment de proximité qu'elle m'inspire - Dieu, le Tout proche, l'Immédiat, l'être de mon être - il faut bien reconnaître que je suis pour moi-même la première inconnue de la Grande équation de l'existence.
La société nous plaque à la surface de nous-mêmes à force d'attractions, de sollicitations, de théâtre. N'ayons pas peur de ce que nous sommes ! Ne nous inquiétons pas d'avoir à affronter un monstre, le Minotaure de notre inconscient par exemple. Ce que nous trouvons au fond de nous-mêmes, si abimés que nous soyons parfois par la vie,c'est un élan, une jeunesse, un désir du Bien qui est en nous la trace de cette Présence que nous cherchons.
L'évidence sur cet Autre inconnu mais jamais étranger se fait quand nous vivons de son Esprit. Heureux ceux qui parviennent à rester curieux dans notre société qui sait tout et qui ne veut pas savoir qu'elle ne sait rien, heureux ceux qui ont faim et soif, car ils seront rassasiés. La Justice leur est promise, cette harmonie qui naîtra d'une familiarité retrouvée avecd Dieu cet Inconnu qui ne nous est pas étranger.
Et nous qui avons peur de l'inconnu... Quand l'inconnu devient majuscule, cette peur devient en nous peur de Dieu, et la peur de Dieu est sans doute ce qui s'oppose le plus directement à la crainte de Dieu.
RépondreSupprimerSi, d'autre part, "nous sommes à nous-mêmes la première inconnue de la grande équation de l'existence", on devrait pouvoir en déduire que la question porte moins encore sur l'existence de dieu que sur notre propre existence.
Car en quoi nous distinguons-nous de l'immanence? C'est de cette indistinction métaphysique originaire que va naître en l'enfant la "conscience de soi". Par contre, que l'immanence me dépasse est une donnée tellement immédiate de ma conscience qu'elle lui est quasi antérieure. Et ce dépassement de l'immanence est à la racine de notre notion de la transcendance.
Je ne sais plus qui a dit que ce qui gagne à être connu y gagne en Mystère. Dire qu'il viendra un jour où le Mystère de dieu sera dévoilé, nous dit l'apocalypse, "effacé", nous disent d'autres traductions plus incertaines, bref, où Dieu ne sera plus un Mystère pour nous, où Il nous deviendra Immédiat, Transparent. N'éprouverons-nous pas, alors, une nostalgie du Mystère?
Toujours aussi génial. Merci.
RépondreSupprimerAujourd'hui, une petite révélation sur une conversion sincère et profonde : celle de Georgina Dufoix (si, si !)
http://www.dailymotion.com/video/x1dsir_interview-georgina-dufoix_news
et sur l'hommage de cette Protestante... aux Catholiques (si, si !)
www.spcm.org/linkTable.php?GID=00014498render=search..
Vraiment touchant et authentique, renversant, même si elle est sans doute devenue la risée de ses anciens compagnons en politique.
Désolée de vous faire zapper, Julien en particulier, mais c'est une histoire qui correspond à notre thème : la conversion. Par ailleurs la dame nous demande de prier, ça aussi c'est d'actualité, d'autant qu'elle nous demande de prier...pour TOUS les candidats à la Présidentielle. Aïeaïeaïe, le faut-il ? même pour Flamby ? même pour Bling-Bling ? même pour Bleumarine ?
Eh bien oui, semble-t-il.
[Heureux ceux qui parvienne..]
RépondreSupprimerparviennent, non ?
Cher anonyme,
RépondreSupprimerVous ne me faites pas zaper du tout, car j'ai toujours eu une grande estime pour Georgina dufoie (dont j'espère orthographier le nom correctement, mille excuses si ce n'est pas le cas), même avant sa conversion que vous nous apprenez, parce qu'elle a prononcé une parole de grande sagesse, qui a été malheureusement tournée en ridicule, quand, dans la malheureuse affaire du sang contaminé, elle a dit son célèbre:
"Responsable, mais pas coupable",
ce qui était sans doute rigoureusement conforme à la vérité relativement à sa connaissance du dossier, qui était de son ressort, mais dont elle ignorait probablement tout; mais ce qui témoignait en outre et surtout d'une profondeur de vue presque théologique. Comme elle, nous aussi, du fait de la Rédemption, demeurons responsables de nos actes et encourons, au moins sur cette terre, les peines temporelles de nos péchés, pour ne pas rouvrirla querelle des indulgences. Nous devons porter la peine de ceux que nos manques de disponibilité, de chaleur, de persévérance dans la bonté ont fait souffrir. Nous sommes responsables de ceux que nous aimons. Nous sommes responsables et les gardiens de nos frères, nous ne répartirions pas à Dieu comme notre ancêtre Caïn. Et pourtant, notre Dieu nous aime tellement que, si nous Lui en confessons notre regret, Il nous délivre de la culpabilité de nos actes pecamineux et pernicieux, Il nous en innocente tout en ne nous déresponsabilisant pas. C'est toute la tension de la morale chrétienne que georgina dufoie a résumée dans ces quelques mots, tension doublée d'une autre, rappelée par Saint-Paul en une autre maxime fulgurante:
"Tout est permis, mais tout ne convient pas."
Traduction? Elle est somptueuse, la "souveraine liberté des enfants de Dieu", cette liberté que Dieu offre à Ses enfants. Elle est somptueuse, le christianisme n'est pas un moralisme, et pourtant il implique une éthique, non pas une morale de convenance, mais une morale de conséquence, une morale pour être conséquents vis-à-vis de la Grâce que l'on a reçue, bref, une morale de responsabilité, dont la transgression ne nous rend pas coupables, mais médiocres, et non intègres.