samedi 25 février 2012

Samedi après les Cendres

«La parole de Jésus est vive et efficace, elle est subtile et pénétrante, elle atteint jusqu'au fond   et au plus intime des cœurs, elle fait division entre l’âme et l’esprit, c’est-à-dire qu’elle divise même ce qui est un et indivisible, séparant l’homme de soi-même» 
Père Guillaume Gibieuf, Vie et grandeur de la Vierge Marie II, 8 in Max Huot de Longchamp Avent 2011.
La Parole de Jésus, cette parole vive, subtile et pénétrante, elle est très facile à trouver : c'est l'Evangile. Peut-être avons nous trop l'habitude de certains textes et des ronrons dominicaux qui les accompagnent de manière si impeccablement cléricale. Sommes-nous capable de recevoir dans la figure une page d'Evangile ? Sommes-nous capables de nous laisser faire par cette lecture divine ? Sommes nous capables de nous convertir ? Le Carême, ça sert à ça.

C'est un champ d'expérimentation spirituelle. Il nous faut recevoir la vérité de l'Evangile comme une parole qui se transforme en action. C'est la raison pour laquelle Gibieuf, avec tant d'autres au XVIIème siècle, invoque le coeur. Hors de question de lire l'Evangile avec les seules lunettes de la raison raisonnante, comme un cours ou un exposé. Faites l'expérience : prenez l'Evangile à coeur.

Comment peut-on comprendre que l'Evangile sépare l'homme de lui-même ? Par la conversion.
 
Il y a deux hommes en moi disait saint Paul, le vieil homme et l'homme nouveau. La Parole de Dieu dit précisément Gibieuf, reprenant une autre distinction de saint Paul, fait la division entre l'âme et l'esprit, en termes modernes on dirait : entre le psychique et le spirituel, entre les problèmes liés aux limites de notre psychologie et les questions nouvelles, les élans nouveaux nés de la lecture divine de l'Evangile. C'est cette division entre l'âme et l'esprit qui permet le véritable dépassement de soi-même, bref tout ce qui fait que l'esprit chrétien est l'inverse de l'esprit bourgeois.
 
Collaborateur du grand cardinal de Bérulle, créateur au début du XVIIème siècle de l'Oratoire de France, le Père Gibieuf était thomiste, cartésien et augustinien : un peu trop à la fois pour ses confrères. Son oeuvre garde pour le lecteur d'aujourd'hui une étrange profondeur.

2 commentaires:

  1. Même si l'on ne commente pas, sachez qu'on apprécie beaucoup ces textes, ultra-bien choisis par vous pour notre carême.
    J'aimerais bien avoir le temps de lire le Père Gibieuf.
    Oh oui, comme cela a l'air profond !
    Dans mon diocèse (Pontoise), 3 prêtres ont décidé de vivre une communauté de vie sur le modèle de l'Oratoire, 3 prêtres qui ne partagent pas la même façon de célébrer (st Pie V ou Paul VI) mais en tout cas ils prient et vivent ensemble en fort bonne intelligence.
    C'est un beau petit laboratoire de la nouvelle évangélisation. Ce que vous appelez "champ d'expérimentation spirituelle".
    Dieu fasse que les fruits apparaissent bientôt !
    Les divisions favorisées et entretenues par le diabolos ne sont pas les divisions improbables introduites par Jésus dans les camps retranchés derrières les barrières, certitudes conventionnelles et habitudes de haine entre les partisans de tel ou tel rite liturgique. Ses divisions qu'Il introduit entre l'âme et l'esprit de l'Homme sont pour sa conversion et pour la COMMUNION.
    Ainsi réunit-il bientôt en de petits foyers, ceux qui, hier, se détestaient.
    La Parole de Jésus est en train de casser les lignes.
    Bénissons notre Seigneur qui créé toute chose nouvelle dans le coeur des hommes de bonne volonté.

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  2. Bravo à Anonyme Feb 25, 2012 06:45 AM qui n'emploie pas de mots abscons et prétentieux genre "ordus novus" ou "forme extraordinaire" "ou messe du bienheureux Jean XXIII".

    Notre ami(e) dit tout simplement "messe de st Pie V" ou messe de Paul VI et tout le monde a compris.

    Pas plus tard que ce soir à la sortie de la messe anticipée du samedi soir, une paroisienne, brandissant un papier qu'elle venait de retirer de son réticule, m'a interpellé en ces termes : "pardon Monsieur, pourriez-vous m'expliquer ce qui est écrit dans ce document, on y parle de messe en la forme extraordinaire du rite romain, qu'est-ce à dire ?". Je lui ai répondu : "il s'agit de la Messe dite de Saint Pie V, la messe des intégristes si vous préférez". "Merci Monsieur, me répondit-elle, grace à vous, j'ai parfaitement compris de quoi il retourne".

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