vendredi 30 mars 2012

Jeanne d'Arc : elle fonce

"Prends tout en gré"
Voilà ce que disent ses voix à Jeanne d'Arc... Pour Régine Pernoud (article Jeanne d'Arc du Dictionnaire de Spiritualité) ces quatre mots peuvent passer pour le résumé de la spiritualité qui a fait Jeanne chef de guerre.

Que signifient ces paroles ? - D'abord une extrême docilité à l'événement qui est comme l'instituteur de la grâce divine. Ce qui nous arrive d'une manière ou d'une autre nous vient de Dieu. Il faut donc le recevoir comme tel. Non pas en confondant le vrai et le faux, le bien et le mal, dans l'insupportable synthèse-foutaise imaginée par Hegel, mais en discernant à chaque instant ce qui est vrai dans tout événement, qu'il soit bénéfique ou maléfique, sans chercher à faire rentrer la circonstance toujours neuve dans un cadre préconçue et surtout, surtout, sans chercher à avoir soi-même tort ou raison. Ce qui est frappant chez Jeanne, tout au long de son procès, c'est qu'elle ne pratique jamais l'auto-justification... Elle ne cherche pas à AVOIR EU raison, parce qu'elle sait qu'elle a raison aujourd'hui, malgré sa capture et la triste fin qu'elle devine dès le début de son procès.

Elle n'est pas dans le passé, mais dans le présent. Elle impose à ses juges sa présence, son rayonnement, sa parole aigüe. Elle les met en difficulté ou en contradiction avec eux-mêmes. Jamais elle ne revient sur sa propre carrière : ce qui est fait est fait et bien fait. Dieu y a pourvu. Dieu pourvoira à sa Cause. Dans "Prends tout en gré", il y a d'abord : "Prends tout". Ne te ferme pas ! Ne te replie pas sur toi-même, sur tes états de service, sur ce qui peut sembler t'être dû, sur des positions acquises, sur des idées toutes faites, sur une idéologie qui se substituerait insidieusement à la foi. La foi est un Amen sans cesse renouvelé, toujours identique et toujours nouveau.

"Je choisis tout" disait Thérèse de Lisieux à cinq ans. Jeanne et Thérèse ont en commun un côté gargantuesque dans la sainteté. Quand on choisit tout, on n'embrasse pas seulement le présent, tel qu'il nous apparaît. L'avenir non plus ne peut jamais receler quoi que ce soit d'inquiétant. Prends tout en gré ! Assume tous les avenirs possibles. Ne t'effraie de rien. Jeanne ne nous a pas dit quelles révélations lui avait été faites par ses voix. "Demandez le au Roi" lance-t-elle narquoise à ses juges, en faisant semblant de ne pas comprendre qu'elle et eux ne répondaient pas au même monarque. La plupart du temps, ce que lui dit saint Michel n'a rien à voir avec une révélation fracassante : c'est quelque chose comme : "Fonce ! Fonce ! Il en restera toujours quelque chose".

Elle a tellement foncé qu'à elle toute seule elle a tué la guerre de Cent ans.

Nous revenons sur Jeanne samedi 31 mars au Forum de Grenelle (5 rue de la Croix-Nivert 75015). Nous évoquerons son combat pour l'Eglise (elle se voyait en croisée) et son combat pour la France mais surtout nous essaierons de définir le nôtre.

1 commentaire:

  1. Mais qui nous a dit que le "monde" était mal foutu et qu'il fallait collaborer à créer une "société fraternelle", une "civilisation de l'amour" ? au lieu de faire son devoir instant par instant?
    qui nous a lancé dans cette prospective débile et prométhéenne (et impossible de se déclarer " de Jésus" sans ce label !) qui impliquait tant de labeurs et tant de documentation, tant d'analyses et tant de calculs???

    C'est à dire tant d'orgueil et de délirante surestimation de soi ?

    Avec ce pire encore: non seulement nous n'avons pu vivre notre simple vie, mais nous sommes obligés aujourd'hui d e "revenir en arrière" pour tenter de retrouver où "le chemin" a fourché !!! Thank You, Satan!
    notre simple mort nous échappera-t-elle aussi , pour les beaux yeux aveuglés d'une clique ecclésiastique délirante?

    Dieu pourvoiera!

    Resurrecturi te saluant !

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