"Le Docteur Sollievo, directeur de clinique à San Giovanni Rotondo, demanda un jour non sans une intention de derrière la tête au Padre Pio :- Pendant une bilocation, un saint, saint Antoine [de Padoue] par exemple, est-il véritablement en deux endroits à la fois ?- Sans doute répondit le Padre Pio- Comment cela est-il possible ?- Par une extension de la personnalité"Emmanuele Brunnato, Padre Pio, mon Père spirituel, éd. de l'Orme rond p. 81
Dans la vie de Padre Pio, on constate de nombreux cas de bilocation. La question de la bilocation est particulièrement intéressante car elle renvoie à ce que nous sommes : pas seulement un corps, pesant et toujours à sa place, mais aussi un esprit. L'être de chaque personne, c'est son esprit, et l'esprit est nativement ouvert à l'infini. Connaître, disait déjà Aristote, c'est devenir ce que l'on connaît.
La question de la bilocation nous renseigne sur le fait qu'un individu, par une grâce particulière de Dieu, peut devenir un autre sans cesser d'être lui-même, il le peut, dit le Padre Pio, "par une extension de la personnalité". Eh bien ! Si l'on généralisait cette aptitude à "devenir un autre", on aurait une bonne idée de ce qu'est la personnalité, mais surtout de ce pour quoi elle est faite. "L'essentiel de la personne, disait de façon sibylline Jacques Chevalier, ce n'est pas le moi, mais l'autre". L'essentiel de la personne, c'est cette possibilité d'extension, qui se découvre, sur la terre, à travers la charité, et qui se consomme au Ciel dans la vision béatifique, dans laquelle, d'une manière sur-naturelle, nous devenons Dieu, ou, comme dit l'apôtre Pierre dans sa deuxième épître (1, 8), nous sommes rendus "participants de la nature divine".
Pouvons nous comprendre cette "localisation infinie" qu'est la vie éternelle ? Non. Pouvons-nous comprendre la bilocation, cette apparente entorse au principe d'identité ? Non plus. Mais, à travers ce phénomène observable dans la vie des saints qu'est la bilocation, nous reconnaissons que le règne de l'Esprit dans lequel nous entrons par la grâce nous donnes une identité nouvelle, en Dieu - Dieu qui est ce monde aux dimensions absolument neuves pour nous.
Cette identité nouvelle, c'est ce nom qui est le nôtre inscrit dans les Cieux, dans la Paume de Dieu.
RépondreSupprimerC'est toujours toi, c'est toujours moi et non pas "un autre", mais revêtu de la gloire du christ, de son vêtement blanc.
C'est tellement moi et non pas un esprit, que j'y serai avec ma personnalité, ma chair glorieuse, la marque de mon Baptême et mes blessures des souffrances endurées pour le Christ.
Dans le jardin originel, Dieu se promenait parmi les hommes. Dans l'éternité, il sera là parmi nous sur cette autre terre, sous cet autre ciel, promis par Jean. Il trouve sa joie parmi les enfants des hommes. Nous ne serons pas aspirés dans l'Esprit, fondus dans un grand Tout et devenus uniquement êtres spirituels.
Je pense qu'il y aura des étoiles, des fleurs, des animaux et tout ce que Dieu a créé car cette création est splendide et qu'Il ne la rayera pas d'un trait de plume. Elle est blessée, elle sera réparée et infiniment guérie.
Ainsi le phénomène appelé bilocation ne peut être moi et "un autre", "une aptitude à devenir un autre" mais, par une grâce inhabituelle de Dieu, moi maintenant sur cette terre, et "déjà moi glorieux", extension de moi-même être aimant, apte effectivement à des comportements extra-ordinaires, explorateur des temps nouveaux.
Parce que le Christ est ressuscité, non pas un autre, mais Lui, avec son Visage, ses plaies, ses amitiés, son accent, sa tendresse. Chair admirable, Personne unique, gage de nos personnalités chéries par Lui, uniques aussi, sauvegardés, exhaussées, épanouies en talents qui lui sont si précieux qu'Il nous les réclamera.
Le Christ est Celui qui n'abolit pas; Il est Celui qui ne souffle pas sur la flamme vacillante; infiniment respectueux, médecin délicat, Il restaure, répare et accomplit.
Quel étonnement de voir que l’Abbé , en plein carême choisit le thème de le bilocation. Cela nous mène naturellement et c’est en cela « merveilleux à essayer de percevoir la vie en Dieu. Quelle belle réponse du premier « anonyme » !
RépondreSupprimerDans le Royaume, bien sûr il n’y a plus « d’espace-temps » (ce fameux continuum…)
Donc, qu’est-ce qui porte La Padre Pio à cette Bilocation , puisque ce faisant, il nous parle bien un peu de la vie telle quelle sera dans le Royaume ?
Le point crucial n’est-il pas la différence entre « spontanéité de l’amour » et « pensée », phénomènes opposés et opposants ?
Si je décide de partir en Amérique soigner quelqu’un, je fais marcher ma pensée, et celle-ci va calculer le temps à parcourir par rapport à l’espace. Si c’est une urgence, j’arriverai trop tard !...
Le padre Pio, lui lorsqu’il part soigner au delà de l’atlantique alors qu’il se trouve aussi en Italie (véridique), il ne « pense » pas. C’est son amour qui le transporte au sens propre. Son amour « est » et se réalise dans la spontanéité défiant l’espace et le temps. C’est probablement ce qu’il appelle « l’extension de la personnalité » C’est en cela que cela nous parle de la Vie en Dieu, telle quelle sera, si nous y arrivons.
En fait il agit comme ces particules élémentaires qui bien qu’éloignées de milliers de kms agissent spontanément !
La pensée a certainement une vitesse, rapide peut-être mais nullement spontanée, sinon nous serions tous capables de tels exploits. Notre amour non plus, n’est pas assez fort. Il reste collé à cette pensée. Suggérer l’hypothèse que celle-ci aurait peut-être la même valeur que la vitesse de la lumière est-il saugrenu, un peu moins de 300 000 000m/s ?
« La raison calcule « disait l’abbé hier, « mais elle ne sait pas vivre » Seul cette sorte d’amour donne la vie. Elle défie les lois naturelles. Il est très difficile pour l’être humain d’abandonner cette « pensée ». On lui a même fait croire que cela le faisait ETRE et l’idée perdure !
Pour cela que ça intéresse, un jeune génie de l’astrophysique, Erik Verlinde, a élaboré une théorie sur la gravitation qui ne serait pas si réelle que l’on a cru jusqu’à présent. Elle ne serait qu’une illusion. Théorie qui coince car elle fait peur. Pourtant, à mon humble avis de « très profane en la matière », nous chrétiens qui croyons à l’existence d’un autre monde à d’autres dimensions, ça ne devait pas nous effrayer. Il est temps d’y arriver !
Benoîte
Tant de mystères insondables, qui nous dépassent!
RépondreSupprimerJ'apprécie beaucoup la diversité des sujets, et des approches, sur le Métablog.
Chers amis, quand je lis la réponse de Padre PIO,je lis le mot personnalité et non pas le mot personne. Je ne suis pas en accord avec vos assimilations de 'personnalité' à 'personne'. Le père VERLINDE et des prêtres blancs africains feraient un autre commentaire des paroles de Pio.
RépondreSupprimerchers amis, je ne suis pas d'accord avec votre confusion ou assimilation de 'personne' avec 'personnalité'. Le père Verlinde ou un prêtre blanc en Afrique feraient un autre commentaire des mots employés par le Padre PIO.
RépondreSupprimerBonjour à retardement à l'ami Anonyme du madi 6 à 01h38.
SupprimerIL y a eu peut-être "confusion" entre personne et personnalité. Clarifions :
Et si la personnalité était la manifestation de la personne et comprenant donc une éventuelle capacité d"extension" ?
(Envisager ce phénomène inhabituel, étrange, est nouveau pour moi, mais dit de cette façon, le concept, au moins, est assez clair.)
Monsieur l'abbé,
RépondreSupprimervoici une petite correction de la citation.
Il s'agit du Docteur Sanguinetti qui dirigeait l'hopital "La Casa Sollievo della Sofferenza".
En réponse à quelques remarques, j'ajouterais une autre citation du Padre Pio : "L'intéressé lui-même ne sait pas lors d'une bilocation si c'est son corps qui se déplace ou son esprit..."
Bien cordialement
François
Au premier anonyme, auteur d'un magnifique commentaire à cet article que je m'en veux de nuancer,
RépondreSupprimerNe faites-vous pas une confusion quant à "la Résurrection de la chair", entre celle de notre Seigneur, Dont le Corps glorieux Se montre en effet aux apôtres avec Ses plaies, et celle de toute l'humanité avec Lui dans la "Jérusalem céleste", où il nous est dit par les saints Pères que l'humanité malade ne renaîtra pas avec sa maladie, mais dans sa stature la plus belle et la plus majestueuse? Entre temps, qu'est-ce qui se sera passé pour le Christ? Son corps glorieux actuel aura-t-Il subi une transformation ou une nouvelle métamorphose? L'Agneau immolé, que l'on voit constamment prosterné devant le Père dans le livre de l'apocalypse, sera-t-Il enfin intronisé "à la droite du Père", au terme de ce que J.N. Darby traduit par "(l'effacement) du Mystère de Dieu"?
Je suis assez surpris d'entendre, notamment pour avoir eu la faveur d'assister il y a quelques jours à un séminaire de sotériologie où mgr Doré intervenait, beaucoup des gens parler de la Résurrection de la chair de la manière dont vous le faites, en particulier en assimilant l'Hébreu "basar", qui exprime la chair avec ses limites, à la chair ressuscitée comme "en agonie", même après "la fin du monde".
Ce que j'y décèle est que, dans le tournant théologique qui a fait abandonner la scholastique, le paradigme de la "réalité" est resté, mais auréolé de surnaturel chez Saint Thomas, tandis qu'il est devenu tellement naturaliste, passé au crible de nos théologiens actuels, que la réalité est aimée conditionnée et conditionnelle, elle est aimée pour la limite (Dieu n'a pu créer que du limité, et cela est bon). Il en ressort un quasi culte de la limite, dans lequel cette conception de la résurrection de la chair avec ses limites s'inscrit parfaitement.