"Alors dans l'excès de ma joie délirante, je me suis écriée : O Jésus mon amour... Ma vocation, enfin je l'ai trouvée, ma vocation c'est l'amour (...) Pourquoi parler d'une joie délirante ? Non, cette expression n'est pas juste, c'est plutôt la paix calme et sereine du navigateur, apercevant le phare qui doit le conduire au Port. O Phare lumineux de l'amour, je sais comment arriver jusqu'à toi, j'ai trouvé le secret de m'approprier ta flamme"
Thérèse de Lisieux, Manuscrit B, Oeuvres Complètes p. 226
Thérèse va mourir. A 24 ans. Avant de partir, elle livre quelque chose du secret de sa joie à deux de ses soeurs, carmélites comme elle, Mère Agnès, qui est sa supérieure lorsqu'elle lui envoie la première partie de ses souvenirs et Mère Marie du Sacré Coeur qui lui demande quelque chose sur son message spirituel et qui reçoit ce morceau de lave incandescente.
D'où vient l'excès de joie de Thérèse ? De ce qu'elle a trouvé sa place. Le bonheur c'est de trouver sa place. Seulement Thérèse n'est pas vraiment facile à satisfaire. "Je choisis tout" disait-elle enfant. Adulte, elle est resté fidèle à cette intransigeance (passionnément féminine). Elle veut tout. Elle veut Dieu. Mais que faire pour lui ? Toutes les tâches qui lui apparaissent sont encore trop ponctuelles, trop limitées pour étancher sa soif d'amour. Ce qu'elle a compris, c'est que sa vocation, au Carmel, c'était cette soif jamais rassasiée et qui cherchait tous les moyens pour se satisfaire. Cette soif, cette quête, c'est l'amour et c'est sa vie.
Le Phare et le chemin vers le phare, voilà ce qu'elle a trouvé. Quel est le phare ? Et quel est le chemin ?
Le Phare, c'est Dieu : nous nous rendons tous auprès de lui. Le chemin ? C'est Dieu encore et voilà le grand secret : aller à Dieu par Dieu. Compter inconditionnellement sur l'amour. Tel est le pari de Thérèse, pas très loin de celui de Pascal. L'un et l'autre ils nous apprennent à miser. Parier ? Nous y sommes tous contraints. "Nous sommes embarqués". Mais sommes nous prêts à miser. Celui qui mise tout est sûr de gagner tout. C'est cette image que donne la très courte vie de Thérèse.
Trop beau les "Lettres à mes Frères Prêtres" de Thérèse de Lisieux, réunies par Mgr Guy Gaucher in "Trésors du christianisme" aux éditions du Cerf, Paris 2010 !
RépondreSupprimerPar ex, à l'abbé Bellière : "Je vous avoue, mon petit frère, que nous ne comprenons pas le Ciel de la même manière. Il vous semble que, participant à la justice, à la sainteté de dieu, je ne pourrai, comme sur la terre, excuser vos fautes. Oubliez-vous donc que je participerai aussi à la MISERICORDE INFINIE du Seigneur ? Je crois que les Bienheureux ont une grande compassion de nos misères ; ils se souviennent qu'étant comme nous fragiles et mortels, ils ont commis les mêmes fautes, soutenu les mêmes combats, et leur tendresse fraternelle devient plus grande encore qu'elle ne l'était sur la terre ; c'est pour cela qu'ils ne cessent de nous protéger et de prier pour nous" (10 août 1897).
"Je choisis tout". "J'ai trouvé le secret de m'approprier Ta flamme".
RépondreSupprimerVotre interprétation de la parole enfantine de thérèse ne fait pas dans le "point d'Alençon" bucolique et puérile pour lequel Bernanos redoutait que l'on eût donné à des coeurs redoutables de soldats cette sainte pour modèle. Certains prétendent aujourd'hui que, par ce: "Je choisis tout", thérèse voulait dire:
"Je choisis tous les sacrifices". Vous ne dites pas cela. Et la suite de la citation que vous faites de thérèse vous donne raison:
"J'ai trouvé le secret de M'approprier Ta flamme." Thérèse ne veut rien de moins que s'approprier Dieu. S'approprier Dieu par dieu, d'accord, mais s'approprier Dieu, quand même, faut oser, faut le vouloir !
Thérèse était hantée (elle l'évoque au début de ses "Manuscrits autobiographiques") par l'injustice qu'elle trouvait à à ce que dieu parût avoir de la préférence pour telles âmes d'élection plutôt que pour de toutes petites fleurs invisibles dans le jardin de l'humanité. Thérèse avait la passion de l'égalité. C'est Dieu Qui nous a infusé cette passion. "Le bonheur, c'est de trouver sa place", oui, mais seulement si cette place est égale en dignité aux places les plus en vue.
Thérèse avait la passion de se hisser jusqu'à s'approprier "la flamme d'Amour" de Dieu. Thérèse était une âme d'élite. Or je constate que, dans l'Eglise d'aujourd'hui, on a peur de croire que Dieu nous a aimés jusqu'à souhaiter notre "divinisation". Au réalisme scolastique, a succédé un réalisme qui consiste à aimer que notre condition soit assujettie à la limite. L'Eglise d'aujourd'hui a donc conséquemment encore peur d'autre chose : elle a peur de se frotter à Dieu, de livrer avec Lui le combat de Jacob avec l'ange, d'être à Dieu sous cette modalité de la "lutte avec Dieu", qui est autre chose que le combat spirituel contre soi-même; et, dans le cadre de cette "lutte avec l'ange", elle a peur de demander à dieu, comme thérèse lui demandait pourquoi Il semblait avoir des préférences, pourquoi, Lui Qui Est par essence Illimité et dont l'Amour est réputé indépassable, Il a voulu mettre au monde des créatures limitées plutôt que des créatures qui soient d'emblée capables de Le dépasser. Autrement dit, l'Eglise d'aujourd'hui a peur de demander à Dieu pourquoi Il nous a créés et non pas engendrés au contraire de la manière dont Il a engendré, non pas créé, Son Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur. Cette question est gigantesque, mais nous avons le droit de la poser à Dieu. Elle ne devient orgueuilleuse, sinon satanique, que si nous prétendons nous donner la divinisation à nous-mêmes.
Personnellement, j'ai horreur de ce mysticisme exalté et avouons le puéril. Je préfère de loin lire Bossuet ou Descartes, voire même IGNACE DE LOYOLA (j'aime bien la méditation des Deux Etendards, allez savoir pourquoi).
RépondreSupprimer@ Cher anonyme de 02h11, vous êtes un peu trop sévère, je crois, en parlant de puérilité mais votre interrogation est néanmoins fort intéressante.
RépondreSupprimerIl est presque quotidiennement question, sur le Métablog, de très grands intellectuels, cîtés et commentés (pour notre plus grande instruction) par Monsieur l'abbéG2T et notre Webmestre, et je me demandais l'autre jour, comment nous pourrions les évaluer et presque les dater, par leur style littéraire, en dehors de toute considération spiritualiste.
Il y aurait beaucoup à dire et à découvrir encore, sur ce thème, qui a du être déjà largement abordé, par la critique littéraire et l'Université, j'imagine.
Sainte Thérèse également, est sans doute marquée superficiellement, par son époque, son milieu, d'où vient peut-être une part de ce "mysticisme exalté" que vous ne goûtez guère.
Ne serez-vous point d'accord, néanmoins, pour y admîrer l'une des multiples facettes de l'expression d'une Foi éternelle. Sainte Thérèse, Sainte Jeanne d'Arc...comme ces jeunes filles semblent soeurs, l'une de santé délicate, l'autre revêtue de son armure de combat...
Personnellement, moi qui suis pourtant catholique agnostique, je suis particulièrement touché, dès qu'il s'agît du Padre Pio, que j'ai vu un jour, pendant plusieurs minutes, vivant devant moi, en me trouvant par surprise, devant un tableau sur lequel il figure (dans la cathédrale de...)
J'en profite pour dire ma joie du lîvre de Monsieur Brunatto, pas encore lu mais beaucoup d'émissions sur RC, avec lui, et de sujets s'y rapportant, traîtés ici-même.
Cher Anonyme de 02h11, vous tombez dans le piège : l'esprit d'enfance chez Thérèse vous apparaît puéril...mais cet enfant est aussi celui qui s'en remet au Père de TOUT même de sa mort et quelle mort ! Puérile cette Thérèse qui offre souffrance, douleur, doute, angoisse dans une nuit noire de son âme, pour le salut de ses frères comme un soldat courageux et plus encore. Cette thérèse qui réconforte de virils missionnaires dans leur brousse avec sa parole exigeante et amoureuse d'absolu et pourtant avec tendresse. Non, IL FAUT que vous lisiez ses "Lettres à mes Frères Prêtres" !
RépondreSupprimer...c'est comme si vous disiez que Jésus-christ vous paraît puéril dans sa crêche entouré des petits bergers, etc.
Car alors vous oublieriez que les Mages lui présentent avec onction certes et amour aussi, la myrrhe, cette résine odorante et désinfectante qui servait à embaumer les morts.
Réponnse à 12:11 am
RépondreSupprimerJe persite et signe, il s'agit d'enfantillages sentimentaux qui n'ont rien à voir avec le christianisme. En puis cela n'a aucune valeur littéraire ainsi que je l'ai entendu dire par un célèbre cardinal français aujourd'hui décédé. A côté, Françoise Sagan est un immense génie.
Par contre, j'ai de l'admiration pour les bonnes soeurs qui vont soigner les pauvres ou les blessés durant la guerre au péril de leur vie. Je préfère arrêter là car je risquerai de dire des choses très désagréables qui seraient certainement censurées par le Webmaster.
NB Allant souvent dans le Pays d'Auge, je me suis rendu un jour à Lisieux, mais pour y visiter une exposition consacrée à François Guizot qui fut député de la circonscription et, tout parpaillot qu'il était, reçut le Père Lacordaire à l'Académie française. Je signale que la Cathédrale, célébrée par Marcel Proust qui fit illuminer la façade avec les phares de son automobile par son chauffeur, recueille les restes de l'Evêque Cauchon. D'ailleurs dans une biographie consacrée à Thérèse Martin, l'abbé Jean-François Six ne manque pas de signaler que Marcel Proust a décrit Lisieux sous le nom de Doncières dans le Coté de Guermantes : ville de garnison dans laquelle le narrateur vient rencontrer son ami Saint-Loup, sous-officier de cavalerie. Hélas ! la ville a été presqu'entièrement détruite par les bombardements durant la guerre de 39/45 et il est difficile de se représenter comment elle pouvait être à l'époque.
Non, cher Anonyme de 02h11 (et de 12h43), "enfantillages sentimentaux" à propos de Sainte Thérèse?! Impossible de La jûger, à cette aune! Savez-vous que ses reliques voyagent dans le monde entier, et sont attendues partout sur la planète, avec plus de ferveur que si le Président des États-Unis en personne, allait débarquer sur le tarmac?
RépondreSupprimerDommage que vous n'ayez point visité, lors de votre séjour à Lisieux, le petit centre culturel, au sein même de l'ensemble basilical qui Lui est dédié, vous en auriez découvert les preuves, multiples photos particulièrement émouvantes, à l'appui.
Je voudrais vous rassurer, cher ami métablogueur: non! Les Saintes ne sont ni des assistantes sociales, ni des infirmières, si héroïques puissent être et/ou avoir été ces dernières, dans de si nombreux conflits et occasions diverses.
Je crains que vous ne passiez - pour l'instant mais rien n'est perdu - trop au large, pour l'apercevoir, de ce vaste contînent presque inexploré, qui a pour nom: Surnaturel.
Quant à la "censure" sur le Métablog, il faudrait vraiment dépasser les bornes, pour qu'elle s'abattît sur vos réflexions, que vous avez l'amabilité de partager avec nous. Je vous sîgnale que vous trouverez ici, les critiques de cinéma les plus pointues que l'on ne trouve nulle part ailleurs, et qu'il m'a été accordé, pour ma part, de publier, bien avant sa tragique disparition, une vidéo de ma chère Whitney Houston (il est vrai, pour une sublime chanson purement et simplement chrétienne "I look to You") ainsi qu'une autre, particulièrement magnifique (d'Elis Regina- les Eaux de Mars) que j'ai eu le plaisir de partager avec les lectrices et les lecteurs du Métablog.
J'ai alors intimement compris que ce que les autres appellent "tradi" ou "réac." était exactement le contraire du plat conformisme contemporain mais bien cette puissante capacité d'écoute et d'éveil, qui se manifeste sur tant de sujets, dans ces colonnes.
Puisque vous êtes un grand amateur, je crois, du divin Marcel, je peux vous affirmer que l'on m'y laisse exprîmer en toute et parfaîte liberté, mes sempiternels "attermoiements" que je n'ose qualifier de métaphysiques, sans pour autant - à mon grand soulagement - exiger de moi le millième du centième de son génie.
Et comme l'évoque si bien Anonyme de 12h11, tant de réconfort notre Sainte Thérèse a-t-Elle apporté à bien des missionnaires isolés, soldats perdus, mourants...Il faut aller à Alençon, et découvrir avec émerveillement (comme j'en ai eu l'honneur) son humble maison natale, qui est devenue toute entière une chapelle illuminée par l'Espérance, un palais d'Amour divin, qui se cache derrière une façade monotone. Il pleuvait, cette après-midi là, en Normandie...
Ayant des amis à Alençon il m'arrive de m'y rendre pour visiter le remarquable Musée des Beaux Arts et de la dentellerie. Il y a également de très belles halles.
RépondreSupprimerNB Thierry quand vous parlez d'humble maison natale vous plaisantez je pense. C'est une demeure de la bonne bourgeoisie de l'époque, n'oubliez pas que les parents Martin exploitaient des gamines de 12 ans qui se crevaient les yeux pour faire les belles dentelles portées par les femmes riches. Pour de plus amples détails, je vous conseille vivement de visiter la partie du Musée consacrée à la dentellerie où l'on vous expliquera quelle était la condition sociale des ouvrières dentellieres de l'époque. L'abbé JF SIX évoque d'ailleurs très honnêtement ce point dans la biographie à laquelle je faisais allusion plus haut.
NB Tant qu'à faire jetez également un oeil sur les salles de peinture : il y a des oeuvres remarquables que l'on peut admirer au calme (ce n'est pas la presse du Louvre ou du MMA). Les employés du Musée sont d'une grande gentillesse, soulignons-le, car ce n'est pas toujours le cas à Paris. Je vous signale que la dentelle au point d'Alençon est tout a fait particulière et bien supérieure à celle de Bruges, du moins à mon hupmble avis.
@ au cher Anonyme de 02h11, 12h43 et 03h22:
RépondreSupprimer"...les parents Martin exploitaient des gamines de 12 ans qui se crevaient les yeux pour faire les belles dentelles portées par les femmes riches" (je vous cîte)
Et bien cher Métablogueur, après notre cher Marcel et son chauffeur Alfred Agostinelli (passé lui aussi à la Postérité, dans La Recherche), nous voici plongés, grâce à vous, en plein Germinal!
J'avoue mon ignorance de la condition sociale exacte des "parents Martin", qui ont été récemment exhumés, pour reposer près de leur chère Thérèse. Il ne me semble pas avoir lu, à leur sujet, qu'ils eussent été d'îgnobles maîtres, exploiteurs du Peuple mais bon! si vous le dîtes...ce qui me semble, maigré tout, incompatible avec leur exemplaire famille catholique!
Savez-vous, mon cher ami? Je parlais d'autre chose en fait...et merci pour vos renseîgnements d'ordre touristique. Comme vous, j'ai découvert ce très beau Musée de la Dentellerie, et vous rejoins entièrement, sur ce point, si je puis dire!
Quant à "la presse du Louvre"...un peu trop "popu." à votre goût, semble-t-il ou me trompe-je?!...Ah! C'est vrai, entre bobos de droite et bobos de gauche, il n'y a que l'espace d'une feuille de papier à cigarette, de bonne marque anglaise of course, à déguster au bar du Pont Royal, n'est-il pas?
à +
Non mais on aura tout lu ! Anonyme de 03h22 qui tente de nous faire passer Zélie Martin pour une horrible exploitante de haute bourgeoisie sans coeur, pleine de ses propres intérêts. Un sorte d'ogresse se repaissant du travail de pauvres petites filles de 12 ans !
Supprimer- Pour commencer : la maison à Alençon, j'y suis allée : elle est mitoyenne et très petite même si jolie et soignée. Par ailleurs très refaite, éclaircie, arrangée. Il devait y faire tout de même assez sombre.
- Ensuite, sachez, monsieur, que vous ne connaissez rien à l'histoire de Zélie Martin et qu'elle s'est elle-même vraiment tuée à la tâche, morte d'un cancer du sein qu'elle n'a pas pris le temps de soigner, parfois remplaçant justement ses ouvrières, le soir, pour finir leur travail. Les faisant soigner, elles, et même les soignant elle-même.
Monsieur, vous ne connaissez rien à cette époque. Vous ne connaissez rien à cette petite bourgeoisie qui ne mettait pas de barrière entre elle et les employés étant donné qu'eux-mêmes étaient des artisans. Vous visitez des musées, il faut aussi tâcher de comprendre le passé avec finesse et coeur au lieu de plaquer ses bons sentiments et sa morale (c'est-à-dire une mauvaise conscience de nanti du 21è s.) sur une époque si différente.
Il se trouve que Zélie et Louis faisaient partie d'un cercle de Chrétiens sociaux et je vous donne le lien pour que vous vous cultiviez un peu à leur propos au lieu de colporter des insanités avec une assurance malhonnête qui permet au mensonge de prendre la figure d'une vérité à croire. A travers plusieurs oeuvres, Louis et Zélie sont venus au secours de pauvres personnes injustement traitées et spécialement des petites filles. Lisez donc les lettres de Zélie elle-même, très nombreuses ( 218 en tout) tout au long de sa vie, vous serez édifié. Allez donc à la source au lieu de vous jeter sur la moindre info "à peu près" qui vient nourrir vos a priori. Vous verrez quel travail elle a accompli tout en perdant 4 petits en bas âge et en élevant 5, se souciant de tous. Ce n'est pas pour rien qu'elle a été déclaré "bienheureuse". Cessez de prendre le monde catholique pour des gogos. Avant une telle déclaration en béatitude (ou en sainteté d'ailleurs) il y a une enquête complète, puis un procès en bonne et dûe forme avec un défenseur mais aussi un contradicteur sévère et exigeant.
Voici ce lien : www.famillemartin-therese-alencon.com/pages/Louis_et_Zelie_Martin_des_catholiques_sociaux_-3804948.html
Je regrette le ton agressif de mon propos mais de tels a priori sont afligeants quant ils servent surtout à bien montrer son mépris ou même sa haine recuite (allez savoir pourquoi). Je devrais plutôt m'attrister pour vous qui vous empêchez d'accéder à une recherche spirituelle un peu profonde, préférant étaler vos goûts conventionnels mais que vous pensez sans doute admirables pour l'Histoire, les musées, les expo, enfin tout ce qui vous permet, j'imagine, d'en mettre plein la vue ou de vous rassurer sur vous-même.
@ Thierry,
RépondreSupprimerCher Monsieur,
Je vous trouve bien vachard. Je ne trouve pas la "presse du Louvre" ou du MMA trop "popu". Simplement, je n'ai plus 20 ans et je revenais toujours éreinté de mes promenades au Louvre car il y a vraiment trop de monde et de bruit. J'ai donc résilié mon abonnement et je me contente d'admirer les chefs d'oeuvre sur internet.
Au contraire dans des musées de province comme ceux d'Alençon, de la Chartreuse de Douai, des Beaux-Arts de Lille ou bien entendu du Musée Eugène Boudin de Honfleur (mon préféré) et du Sint Jan de Bruges (pour les Memling et le sublime tableau de Marthe et Marie) je suis parfaitement à mon aise. Sachez que l'on ne trouve que rarement des bobos dans les musées qui ne font pas la "une" du Monde, de Libération ou du Figaro.
En ce qui concerne les parents Martin (et pour clore le débat sur ce point) je vous conseille de lire l'ouvrage de l'abbé JF SIX qui donne d'ailleurs des détails sur les fréquentations politiques et les opinions de ce ménage qui n'étaient pas exactement celles de Marcel Proust à la même époque. Si jamais je retrouve le livre de cet abbé d'une grande culture dans le foutoir de ma maison de campagne je vous communiquerai les références exactes des passages concernés, car j'ai une sainte horreur de l'à peu près.
En vous répondant j'écoutais l'ouverture de Rienzi sur ABC classic FM.
@ Pardonnez-moi cette indélicatesse, cher Monsieur, si vous m'avez trouvé "vache" avec vous, c'était bien involontaire de ma part. En tout cas, je me suis précipité sur le net, pour écouter cette ouverture de Rienzi, que vous avez eu la bonté (et excellente idée) de m'indiquer, ainsi qu'à tous nos autres ami(e)s métablogueurs et métablogueuses.
RépondreSupprimerJe vous en remercie infiniment, c'est très beau, même si je ne parviens jamais, malgré de nombreuses tentatives, à mettre un compositeur au-dessus de mon préféré (JSB), suivi de peu par Wolfgang...mais l'immense Wagner, fait bien entendu partie, de mon petit Panthéon personnel.
Oui bien sûr, Bruges et les Memling, que j'ai admirés, dans ce cadre hors du commun, lors d'une unique visite en cette ville, qui en mériterait bien plus, et c'est Vermeer qui surgit, encore une histoire de dentelière, n'est-ce pas?...ah! bon, il y a aussi - pas bien loin - le polyptique de Gand dont on a du mal à se remettre...Tant et tant de choses extraordinaires, qui nous entourent...
Aucun débat n'est jamais clos, ne me dîtes pas cela, avec les personnes bien intentionnées et qui aiment apprendre et aussi transmettre leurs riches expériences, telles que vous!
Cordialement,
@ Thierry
RépondreSupprimerCher Monsieur,
Si vous aimez Memling courez au MMA admirer son Annonciation ; c'est peut-être la plus belle oeuvre de tous les temps, croyez-moi cela vaut le voyage.
@ a la Dame juste au dessus de vous
Cela ne vaut pas la peine de polémiquer avec vous. Un détail de votre argumentation me laisse pantois, c'est votre éloge des procédures de béatification. Je n'aurai pas la cruauté de vous rappeler la triste affaire Dehon : le vatican s'apprétait à béatifier un obscur prêtre français. Patatras ! quelques jours avant la cérémonie un cardinal français aujourd'hui décédé s'est aperçu que l'intéressé avait laissé une correspondance d'un antisémitisme assez nauséabond même pour l'époque. La commission de béatification avait baclé son travail, ce qui en dit long sur la rigueur de ses procédures.
Je vous conseille pour l'avenir de vous en tenir plutôt à la lecture des Pensées de Pascal que je vous encourage à méditer. On n'a rien fait de mieux dans le genre. Lorsque j'étais en seconde, c'est notre professeur de lettres, communiste militant, qui nous a incités à les lire (bien entendu c'est un aumonier jésuite qui m'a encouragé à lire Karl Marx, mais je n'ai pas vraiment "accroché", même si j'ai visité sa maison natale à Trèves lors d'un séjour de plusieurs mois alors offert gracieusement aux jeunes gens par la République française).
Anonyme de 02h19
SupprimerEt pourquoi seriez-vous le seul à avoir lu Pascal ? Je le place moi-même presque aussi haut que notre bon abbé de Tanoüarn le place lui-même. J'ai lu Pascal comme vous mais pas seulement au lycée car je l'aimais particulièrement et il a accompagné mes études supérieures ainsi que quelques auteurs bien choisis et peu à la mode, évidemment. Dans un autre domaine aux confins de la psychologie, de la philosophie et même de la psychanalyse : l'historien d'art René Huyghe, par ex., mon maître lorsque j'avais vingt ans.
Je remarque à ce propos que les amoureux de Pascal aiment aussi particulièrement Vermeer de Delft ! C'est ce charme, cet enchantement de "la spiritualité de l'instant" qui parle à leur coeur.
Malheureusement, votre mépris, monsieur, gâche tout ce que vous dites.
Quant à la béatification "ratée" que vous rappelez, vous voyez bien qu'elle ne s'est pas faite. L'Eglise a cela de beau et de grand, qu'un un seul Fidèle, saint ou obscur, prêtre ou non, homme ou femme, peut remettre en cause une procédure bien (ou mal) ficelée. Ainsi la vérité se fait-elle, finalement, et trace son chemin au long des siècles, ce qui montre que c'est toujours la blanche Colombe qui mène la barque.
Je comprends que vous ne daigniez pas me répondre. La polémique, vous l'avez vous même induite avec des affirmations erronées, dans un ton bien méprisant et agressif. Vous n'aimez pas reconnaître vous être trompé et si mal renseigné à propos de la famille Martin. Je connais fort bien les ouvrages de Jean-François SIX sur Thérèse et sa famille. A aucun moment, il ne dit de cette famille qu'ils étaient de gros bourgeois profitant du travail de pauvres petites ouvrières exploitées. Par contre, il s'intéresse à la psychologie de Thérèse et cela, c'est intéressant, même s'il n'avait pas à sa connaissance en réalité l'ensemble des pièces -lettres, dessins, témoignages- que l'on possède maintenant. Son étude de la psychologie de Thérèse est un peu facile. Elle date. Une névrose n'empêche nullement une sainteté d'éclore, de croître et d'édifier. Il croit avoir décortiqué le mécanisme mais il est passé à côté (j'allais dire ; de la jeune fille à la perle).
Thérèse n'est pas une petite fleur en sucre, c'est une âme forte, une fusée, un être d'élite ; comme Jeanne et comme Marie, elle est "forte comme une armée rangée en bataille".
Merci beaucoup, chère Madame de 02h03, d'avoir pris la peîne de ce long post, qui nous donne toutes ces explications passionnantes (que je pressentais, sans les connaître), qui augmentent encore les raisons de vénérer les parents exemplaires de Sainte Thérèse.
RépondreSupprimerVotre initiative est non seulement fort louable mais encore indispensable, en l'occurrence, sur le Métablog.
@ la dame de 02:03 UHT
RépondreSupprimerJe suis infiniment désolé de vous contredire mais les procédures en oeuvre dans l'Eglise romaine ne me semblent pas à la hauteur des standards juridiques communément admis. Que la comission compétente ait omis de viser des documents que tout le monde connaissait passe l'entendement et a placé le Saint-Siège dans une position difficile. Vous pouvez comparer avec la minutie dont la Section du contentieux du Conseil d'Etat fait preuve pour statuer sur la légalité d'un simple arrêté municipal.
Vous reprochez à l'Abbé Jean-François Six de n'avoir pas connaissance de l'ensemble de la documentation thérésienne. En fait ce prêtre à l'érudition étonnante (dont un livre fut préfacé tout à la fois par Michel Rocard et Raymond Barre) a été écarté des lieux d'étude officiels de Thérèse Martin par les "gardiens du temple" ainsi qu'il l'a indiqué lui-même dans un récent ouvrage.
Son approche psychologique me parait particulièrement intéresante et ne tombe pas dans la psychanalyse de céfé du commerce. Pour étudier un personnage célèbre, il faut en connaître tous les aspects ; proustien passionné j'ai toujours donné raison à Sainte-Beuve sur ce point.
J'ai également lu des ouvrages de mèdecine consacrés à la famille Martin : c'était un peu accablant (la névros chrétienne).
Comme vous le voyez je connais bien le cas Martin qui m'avait intéressé dans ma jeunesse, je me demande ce que Macel aurait pu en dire.
Ce qui me gène chez tous ces gens, c'est leur rejet de la sexualité. Comment construire une personnalité adulte sans sexualité et sans jamais aborder ce point. Je pense que la jeune Thérèse devait avoir de sacrés problèmes. En fait elle a transposé sa sexualité sur le personnage de Jésus dont elle se déclare amoureuse. Je pourrais vous faire lire des textes de l'intéressée qui ne font aucun doute sur ce point. En fait elle était prisonnière d'une éducation étroite dans un milieu de la petite-bourgeoisie provinciale particulièrement confinée. Je vous signale que 1896 marque le début de l'affaire Dreyfus et que l'on s'enflamait pour des choses plus importantes (Marcel et Robert Proust étaient d'ardents dreyfusards et leur père le Professeur Adrien Proust, ami de Félix Faure, était lui anti dreyfusard). Bonsoir, sur ce, je retourne à mes travaux sur Walras.
RépondreSupprimerEh bien non, Anonyme de 11h50, figurez-vous qu'elle n'avait qu'indulgence pour les péchés concernant "la chair", c'est-à-dire la sexualité. Elle disait à ses novices qu'elle ne comprenait pas qu'on y attache autant d'importance, que ce n'était pas des fautes qui offensent Dieu car elles sont dues à notre nature blessée. Tandis que le manque de confiance, se "suffire"...le péché d'orgueil seul est grave.
SupprimerVoici ce qu'elle répond à sa cousine Marie qui avoue se complaire en imagination à des fautes sensuelles, à la vue de "nus" par ex.:
« Tu as bien fait de m’écrire, j’ai tout compris… tout tout tout !… Tu n’as pas fait l’ombre du mal, je sais si bien ce que sont ces sortes de tentation que je puis te l’assurer sans crainte, d’ailleurs Jésus me le dit au fond du cœur… Il faut mépriser toutes ces tentations, n’y faire aucune attention....Ce qui offense Jésus, ce qui le blesse au cœur c’est le manque de confiance ! "
Contrairement à ce que vous dites, Anonyme, Thérèse avait une grande largeur de vue, une grande largesse dans la charité. C'est un aigle.
Quel dommage que vous en ayiez cette image rose bonbon entièrement fausse et ne voyiez pas le géant spirituel en cette petite fille. Pas pour rien que l'Eglise l'a nommée Docteur de l'Eglise !
Quant à sa sexualité, qu'elle l'ait sublimée dans l'amour de Dieu, eh bien, après tout, n'est-ce pas le destin de la sexualité humaine que d'être sublimée dans l'Amour ? Voilà pourquoi de grands artistes existent, des poètes, des âmes généreuses et données, des professeurs tout donnés à leur mission éducative, des écrivains, de grands Politiques, de grands Humanitaires, des amoureux du grand, du Beau, du Généreux !
Je vous assure que la "prisonnière" de l'éducation minable que vous décrivez, s'est bien affranchie. Elle continue d'aider des millions de personnes de par le monde et à tirer les âmes toujours plus fort, toujours plus grand, toujours plus haut !!
"J'ai également lu des ouvrages de mèdecine consacrés à la famille Martin : c'était un peu accablant (la névros chrétienne)"
RépondreSupprimerAllons bon! Voilà autre chose! Ne le prenez surtout pas mal, cher ami mais vous êtes fort distrayant, en plus d'être cultivé.
Aïe! je viens de penser avec angoisse que je suis mal barré, moi qui ne suis même pas "à la hauteur des standards juridiques (cathos.) communément admis" (malgré des efforts acharnés) et très "névros", si je vous comprends bien...(je vous cîte)
P.S. Je crois que Sainte Thérèse et le divin Marcel se seraient parfaîtement entendus, grâce à leurs petites antennes qui les eussent fait se reconnaître l'un l'autre pour ce qu'ils étaient, des êtres tout à fait uniques, exceptionnels, des anges aux aîles diaprées de papillons...
Voulez-vous imaginer et composer pour nous, un dialogue entre eux? Ce serait délicieux de votre part, vous qui connaissez si bien La Recherche!
Je me demande ce qu'aurait pu dire ce cher Palamède s'il aavait rencontré par hasard la future carmélitaine lorsqu'il venait rendre visite, accompagné d'Oriane, à une de ses connaissances qui donnait un récital de violon avec la 1ère sonate de Fauré au programme lors d'un concert de charité à Doncières (Lisieux) dans la grande salle de l'Hôtel de Ville. Ce serait d'autant plus intéressant que le catholicisme du Baron n'avait rien de commun avec celui de Thérèse Martin. Si vous avez une idée on pourrait essayer d'écrire un "à la manière de...". Cela pourrait faire un beau sujet pour le bac. En seconde partie de programme un artiste local, accompagné au piano par l'organiste de la Cathédrale, aurait interprété des mélodies de Duparc ("Dans mon coeur dort un clair de lune, un doux clair de lune d'été et pour fuir la vie importune je me noierai dans ta clarté"). Bien entendu, Mme Verdurin aurait glissé une généreuse offrande.
RépondreSupprimerNB Pour ma communion une dame israélite, amie de mes parents, m'avait offert le disque de Gérard Souzay qui a fini complètement rayé (le disque Vinyle pas le cher Gérard). En me remettant ce présent, cette dame s'était excusée auprès de mes parents en leur disant : "Vous le savez, je ne suis pas catholique, alors je ne savais quel cadeau religieux offrir à X..., mais j'espère que ce disque lui fera plaisir".
NB2 Je crois que c'est dans le Temps retrouvé que le Narrateur dit que l'on aurait pu confier une jeune fille à Charlus avec autant de confiance qu'à un prêtre.
Pas mal! Pas mal du tout! Bravo, mon cher, vous vous défendez tout seul, à merveîlle, et n'avez besoin d'aucune aîde, pour ranimer l'émotion sans égale, que chacun a ressentie, en entrant pour la première fois dans cette cathédrale voulue par Marcel Proust, à l'image de la cathédrale de Chartres, dont on dit que certains de ses aïeux figuraient parmi les bâtisseurs, lorsqu'il entreprît d'édifier la sienne, entièrement littéraire mais non moins éternelle.
RépondreSupprimerSavez-vous! Je réside à quelques encablures de l'ancien Hôtel de Montesquiou, habîté il y a peu d'années encore par le prince W., descendant direct de l'Empereur, par les femmes, et qui craignait plus que tout, que son précieux et célébrissimme service en porcelaine de Sèvres, représentant les Monuments et Châteaux de France, je crois, qui lui venait tout droit du Palais des Tuileries, pour la Cour duquel il avait été commandé par son illustre aïeul, fût endommagé par le creusement d'un parking à quatre ou cinq étages sous-terrains tout proche, et qui fit trembler sur ses bases sa propre demeure ancestrale, au point de préférer la quitter, ainsi que le voisinage de l'auguste mausolée familial des Invalides, plutôt que de risquer la perte irréparable de son trésor mais ce n'est point là où je voulais en venir mais plutôt au dernier étage de cette maison, qu'il m'a été donné d'apercevoir d'en bas, jusqu'au soir où je distinguai dans la pénombre, une bien curieuse armoirie dont elle était sommée à son faîte, que je n'avais aperçue jusqu'alors et s'avérait être une chauve-souris. C'est à ce moment qu'une violente émotion m'envahit car je réalisai que j'avais devant mes yeux le somptueux grenier dans lequel Robert de Montesquiou tenait conférence avec ses amis Lucien Daudet et Marcel Proust, que je ne cessai dès lors plus jamais d'imaginer déambuler devant moi, dans la rue, au petit matin, après une nuit consacrée à l'art et à la poésie. Voilà l'infinitésimal écho du "petit pan de mur jaune" dont je voulais vous faire part ce soir, et qui nous ramène à Delft, et à Vermeer, ainsi qu'à la dentelle d'Alençon dont l'illustre nom de France, enchasse à jamais celui de la petite Thérèse, qui aura su peut-être trouver aussi le chemin de votre coeur, par ses détours aussi mystérieux, secrets, entrelacés, et aimés de Marcel, que les rios de Venise où il fit jadis séjour mais cela est une autre histoire sur laquelle nous reviendrons peut-être, si elle vous agrée...
Je pense qu'il doit s'agir du prince Walewski descendant du Comte Alexandre Walewski(1810-1868) fruit des amours de l'Empereur et de la Comtesse Marie Walewska (1786-1817) qui épousera en secondes noces le Maréchal d'Ornano. Les Walewski actuels descendent d'une liaison du Comte avec la tragédienne Rachel.
RépondreSupprimerLes polonais comparent souvent le rôle de la Comtesse à celui de la Reine Esther qui s'était donnée à Assuérus pour sauver le peuple Juif.
somptueux grenier : quelle belle oxymore !
RépondreSupprimer@ Affirmatif, cher Anonyme de 01h46 mais je craignais de commettre une indiscrétion, vis à vis du prince. Sous l'Empire, Madame de Montesquiou fut la nourrice du Roi de Rome, je crois (à moins qu'il ne s'agît du Second Empîre), ce n'est pas très clair dans mon esprît mais il semble que ce soit l'une des raisons, pour laquelle ce magnifique Hôtel fît partie du patrimoîne de la famille Walewski, vu les liens étroîts avec les Montesquiou-Fezensac.
RépondreSupprimer@ 01h48: très touché, merci. Il faut imaginer cet endroît, tapissé de tissus précieux, et décoré d'Antiquités exotiques, persanes, indiennes, ainsi que de précieux vases d'Émile Gallé, un autre génie peu connu du grand public, dont Marcel Proust était un fervent admirateur.
Pour faire plaisir à notre ami, qui a suscité cette petite discussion à bâton rompu, et grâce auquel Monsieur l'abbéG2T a posté cet après-midi, un superbe développement, au sujet de Sainte Thérèse, je précise que Gallé était DREYFUSARD...(content, j'espère?! cher désormais fidèle métablogueur, j'attends avec impatience vos futures réflexions sur les "cathos nevros tradis"...Bien à vous)
@ Thierry
RépondreSupprimerCher Monsieur,
Je n'ai pas le souvenir que Macel Proust ait jamais évoqué Emile Gallé, mais je puis me tromper. La mode à l'époque était bien aux antiquités persanes, indiennes et surtout japonaises (Odette, avait chez elle beaucoup d'oeuvres japonisantes dans les années 1875). Il y a peu il y a eu une exposition des Oeuvres artistiques contemporaines d'Oscar Wilde en Angleterre (autre martyr de la bétise humaine ; à chaque fois que je passe à Reading en allant vers Oxford j'ai une pensée pour lui, comme l'a dit Marcel Proust en paraphrasant l'Ecriture : "il n'avait pas même une pierre où reposer sa tête") au Musée d'Orsay et la quasi totalité des oeuvres étaient inspirées par l'Orient et surtout le Japon).
NB j'ai eu la chance d'avoir des parents de la bonne droite classique qui ne toléraient pas la plus petite plaisanterie ni le plus petit sous-entendu sur les homosexuels ou les juifs. Ils pensaient que ce n'était pas chrétien. Je pense que Vaneste n'aurait jamais été admis chez nous. J'ajoute que Swann était un grand ami du Comte de Paris, qui avait effectivement de nombreuses relations juives.
A un de ces jours (rassurez-vous, tous les cathos névrosés ne sont pas tradis, il y en a aussi chez les progressistes, mais alors c'est plus complexe, car ces gens combinent le libéralisme verbal le plus total avec le refus du sexe). J'aurai une pensée pour vous si je passe un jour devant l'Hôtel ayant abrité le Comte Walewski (je quitte rarement la Rive droite de la Seine ou de la Loire même en Loire-Atlantique).
Désolé de faire immiction dans votre discussion érudite et proustienne.
RépondreSupprimerMais je relève cette phrase de vous, anonyme antithérésien (ce n'est pas mon propos de l'heure):
Les névrocathos ne sont pas que tradis. Quand ils sont progressistes, c'est plus compliqué, "car ces gens combinent le libéralisme verbal le plus total avec le refus du sexe)".
C'est tellement vrai et tellement plus fou que ça. Ceux dont vous faites le portrait, qu'on range aujourd'hui parmi les "catho-conservateurs", ne savent même pas que leur foi affronte une de ces incohérences majeures qui, quand elle est idéologique et non pas affective (en laissant donc le sexe à part), devrait être aperçue de l'esprit. Eh bien non, l'esprit n'en a cure, comme aveuglé. Et les mêmes, très exubérants lorsqu'ils sont à l'intérieur de leur communauté charismatique, peuvent débiter les pires horreurs à l'encontre de tel membre de leur famille qui n'a pas eu la chance d'entrer dans le moule de la réussite, avec les secours de la religion, et peuvent tout faire pour mettre la personne un peu plus ventre à terre. Rassurez-vous, je ne parle pas de moi, mais de choses vues dans une de ces familles appartenant à feu la belle droite française, feu la grande bourgeoisie, qui est en train, pour le plus grand dommage de la société tout entière, de passer à la moulinette de la perte de ses repères et de son savoir-vivre ancestral. Cette droite qui considérait l'antisémitisme et ce qu'on n'appelait pas encore l'homophobie (car on ne recourait pas à cette novlangue), non seulement commme un péché, mais comme une faute de goût. Cette droite qui n'était pas prêteuse, mais paternaliste, et qui se faisait un devoir d'avoir des activités philanthropiques. Comme je la regrette, cette droite qui est en train de disparaître! Je l'ai connue et en ai tant reçu. Qui nous la rendra ?
"Je n'ai pas le souvenir que Marcel Proust ait jamais évoqué Emile Gallé, mais je puis me tromper."
RépondreSupprimer@ Cher Monsieur, j'avoue avoir été un instant troublé par votre remarque, sachant combien vous êtes familier de l'oeuvre de Marcel Proust. J'ai craint de m'être un peu mélangé les pinceaux, ce qui m'eût singulièrement fâché contre moi-même, connaissant votre sainte horreur de l'à-peu-près.
A mon grand soulagement, après avoir prosaïquement tapé sur "Gougueule", voici la citation qui est apparue, comme par enchantement, pour me tirer de ce mauvais pas:
« Le verrier Gallé est peut-être notre poète le plus génial. »
Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs
Je ne me rappelais pas cette phrase exacte (dont je suis incapable de vous préciser dans quel volume, elle se trouve) mais j'avais bien le souvenir de ne pas avoir tiré cette opinion, de mon imagination, et si vous me le permettez, voici quelques détails, tant ces grands génies que furent votre écrivain de prédilection, et ce verrier unique (avec Bernard Palissy, quatre siècles plus tôt) dans toute l'Histoire des Arts Décoratifs, étaient faits pour s'apprécier infiniment.
Emile Gallé était un être foncièrement religieux et croyant. Pour cet huguenot, point de repos, avant d'avoir donné toutes ses forces dans...la Recherche de Dieu, la quête de la plus infîme fleur des champs (il était un herboriste de premier ordre, parmi tous ses dons inouïs) ayant - à ses yeux - le pouvoir surnaturel de manifester la présence divine, ainsi que toute chose. Entendre Dieu, et traduire Sa Pensée, en un langage symbolique et artistique, afin que s'élèvent les Âmes, vers Lui. Voilà quelle ambition surhumaine, l'a animé, et chacun peut méditer, en allant se recueillir sur sa modeste et ravissante tombe, en haut du vieux cimetière de Nancy, combien il est mort jeune, se consumant littéralement à la tâche, dans l'accomplissement d'un destin hors du commun.
Cela ne vous fait-il point penser à votre cher Marcel, passant les dernières années de sa vie, dans son lit le jour, et éveillé la nuit, sans cesse en fièvre que les murs tapissés de liège de son appartement du boulevard Haussmann, pour amortir les bruits venus de l'extérieur, parviennent à peîne à calmer, sa fidèle Céleste ("Céleste...") ne l'abandonnant jamais, et que s'édifie inexorablement sa cathédrale de feu et de lumière, tandis que se retire à mesure, sa propre vie.
Gallé était un ardent dreyfusard, et si l'on a pu en soupçonner certains, de ne pas avoir nourri des pensées uniquement désintéressées, en se rangeant de ce côté-là, lui était hors d'atteînte, tant son existence entière témoîgne de sa droîture et de l'élévation stupéfiante de son génie créateur.
Gallé a cherché à produire une oeuvre qui dénonçât "les fanatismes, les haines, les mensonges, les préjugés, les lâchetés, l’égoïsme, l’hypocrisie" (une de ses lettres à Victor Prouvé) et son vase "Les hommes noirs", visible au beau Musée de Nancy, porte cette devise: "Hommes noirs d’où sortez-vous / Nous sortons / de dessous terre"
Chez les Montesquiou, figuraient des vases de Gallé, que Marcel n'eût pas manqué de voir, et on peut imaginer, comme vous l'avez si bien évoqué plus haut, leurs discussions sans fin, à propos des "japonaiseries" posées près des délicates marqueteries de cristal, aussi ténébreuses que les gravures de Goya qu'il aimait, lorsqu'il invoquait les fonds marins mystérieux, en hommage à Baudelaire et à son célèbre quatrain "O mer, nul ne connaît tes richesses intimes - Homme nul n'a sondé le fond de tes abîmes - Tant vous êtes jaloux - De garder vos secrets" ou préférait égrener son génie, en imitant plus qu'à la perfection, les délicates fleurs de bégonia ou d'orchidées sauvages...
L'Hôtel est à présent devenu une sorte d'Ambassade Culturelle de la Chine, c'est sur la rive gauche de la Seîne...
Bien cordialement,
@ Thierry
RépondreSupprimerCher Monsieur Bonjour,
Effectivement Marcel Proust évoque Gallé dans un passage d'A l'ombre des jeunes filles. Le voici dans son intégralité :
"J'entrai dans ma chambre. Au fur et à mesure que la saison s'avança, changea le tableau que j'y trouvais dans la fenêtre. D'abord il faisait grand jour, et sombre seulement s'il faisait mauvais temps ; alors, dans le verre glauque et qu'elle boursouflait de ses vagues rondes, la mer, sertie entre les montants de fer de ma croisée comme dans les plombs d'un vitrail, effilochait sur toute la profonde bordure rocheuse de la baie des triangles empennés d'une immobile écume linéamentée avec la délicatesse d'une plume ou d'un duvet dessinés par Pisanello, et fixés par cet émail blanc, inaltérable et crémeux qui figure une couche de neige dans les verreries de Gallé."
(je suis incapable ex abrupto de vous donner les références exactes de La Pléiade).
Merci pour vos renseignements sur Gallé, car je ne m'étais pas spécialement intéressé à cet artiste et je n'avais jamais fait le rapport avec Proust. Il est vrai que Marcel Proust parle de tant de choses que même un docteur en Sorbonne ne saurait tout savoir d'une oeuvre aussi riche.
Voici un bon sujet de thèse que je donne gratis : "la Peinture dans l'oeuvre de Marcel Proust" ; je plaisante car celà a probablement déjà fait l'objet de travaux consciencieux de la part d'étudiants du Minnesota, du New Jersey ou de l'Université de Tokyo (les japonais savent tout sur tout).
@ Monsieur Thierry
RépondreSupprimerJ'ai trouvé la référence dans l'édition de La Pléiade de 1954 (Clarac et Ferré) tome I page 803 à la fin du 1er paragraphe. C'est vers la fin du séjour à Balbec et après la rencontre du Narrateur avec le Baron de Charlus et Saint-Loup. Quoique exempt de toute ambigüité, le comportement du Baron envers le Narrateur était quand même bizarre, ne trouvez-vous pas ?
Je pense que le paragraphe suit vous plaira par ses références religieuses :
" Bientôt les jours diminuèrent et au moment où j'entrais dans la chambre, le ciel violet, semblant* stigmatisé par la figure raide, géométrique, passagère et fulgurante du soleil (pareille à la représentation de quelque signe miraculeux, de quelque apparition mystique), s'inclinait vers la mer sur la charnière de l'horizon comme un tableau religieux au-dessus du maître-autel, tandis que les parties différentes du couchant, exposés dans les glaces des bibliothèques basses en acajou qui couraient le long des murs et que je rapportais par la pensée à la merveilleuse peinture dont elles étaient détachées, semblaient comme ces scènes différentes que quelque maître ancien exécuta jadis pour une confrérie sur une châsse et dont on exhibe à côté les uns des autres dans une salle de musée les volets séparés que l'imagination seule du visiteur remet à leur place sur les prédelles du retable."
*ou peut-être "semblait" ; c'est aussi difficile que les annotations de la Bible de Jérusalem.
@ Anonyme 02h45
RépondreSupprimer@ Anonyme 13h39
Chers collègues du Métablog, merci de ces précieuses informations, que vous avez bien voulu noter pour moi, et que je découvre, grâce à vous, avec un grand plaisir (pour la question du comportement de Charlus, avec le narrateur, ça c'est une vraie question pour proustien très calé, comme l'est notre ami de la rive droite. Une autre raison pour laquelle je ne m'y aventure pas, et je vous prie de m'en excuser, est que je n'ai pas ouvert La Recherche depuis des années: pour répondre, il faut être en immersion. Où ai-je lu cette théorie selon laquelle, cette Oeuvre devait être lue à vingt, quarante puis soixante ans? Je ne sais pourquoi, j'ai peu ou prou appliqué cette méthode, ayant fait la première plongée à dix-sept ans (d'une manière un peu insensée, d'ailleurs: d'une traîte et presque en en perdant le sommeil, pendant le second mois, la maisonnée fort inquiète de mon état) et lorsque j'ai tenté de m'y remettre, à plusieurs reprises, par fragments, ça ne marche pas. J'aurais besoin de deux mois consécutifs et exclusivement dédiés...alors, j'en suis rendu à repousser sans cesse le démarrage de l'opération!).
Lorsque Monsieur l'abbé, nous a proposé comme thème de méditation, il y a exactement une semaine, cet extraît du Manuscrit B, il nous a également permis de dériver - avec quelle liberté - sur des sujets profanes, pourtant si étroîtement mêlés aux riches interrogations, que nous pose la brève existence de Sainte Thérèse.
"Quel est le Phare. Et quel est le chemin?...Nous sommes embarqués. Mais sommes nous prêts à miser. Celui qui mise tout, gagne tout" (je cîte Monsieur l'abbé)
Je crois que si nous avons éprouvé le besoin de dialoguer (bonjour Julien, quel plaisir de lîre votre post, ici) au sujet de ces grands génies créateurs, c'est qu'ils nous ont paru d'emblée, faire partie des petits frères de Sainte Thérèse, ces êtres d'élîte dont le Destin fulgurant, nous encourage, chacun à sa manière, à surmonter nos difficultés quotidiennes, tant sont exemplaires leur vaillance, leur courage, pour lesquels nous les chérissons tant, au gré de nos affinités électives.