vendredi 2 mars 2012

Vendredi de la Première semaine

"Considérer Jésus-Christ en toutes les personnes, et en nous-mêmes. Jésus-Christ comme père en son père, Jésus-Christ comme frère en ses frères, Jésus-Christ comme pauvre en les pauvres, Jésus-Christ comme riche en les riches, Jésus-Christ comme docteur et prêtres en les prêtres, Jésus-Christ comme souverain en les princes etc. Car il est par sa gloire tout ce qu'il y a de grand, étant Dieu, et est par sa vie mortelle tout ce qu'il y a de chétif et d'abject. Pour cela il a pris cette malheureuse condition, pour pouvoir être en toutes les personnes et modèles de toutes les conditions"
Pascal, Pensées n°733 (MLG), 785 (B).
C'est Jésus lui-même qui nous encourage à le considérer en toutes les personnes, lorsqu'il nous prévient de ce que sera le Royaume de Dieu et le jugement qui y mène : "J'avais faim et vous m'avez donné à manger... Quand avons nous vu que vous aviez faim et soif ?... Ce que vous avez fait aux plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait" Il faut prendre conscience que le visage de Jésus est en toutes les personnes, qu'il s'y cache.
 
Il y est de trois manières et pour trois raisons.
 
Premièrement, parce qu'en tant que Sauveur, rédempteur, "goel", il est celui qui a décidé de prendre la place de chacun d'entre nous, "se faisant tout à tous pour nous sauver tous". Qu'est-ce donc en effet que ce salut qu'il nous apporte, sinon l'offre merveilleuse de Jésus : Je prends ta place face à la Justice du Père, je me fais péché pour toi, à ta place, je reçois ton chatiment en subissant la mort de la Croix et je mérite ta justification en offrant au Père mon sacrifice qui devient le tien si tu veux. Si nous sommes le corps du Christ, c'est d'abord parce que selon sa volonté expresse, nous sommes le sang du Christ. Nous sommes son corps mystique parce que nous sommes son sang versé : "J'ai versé telle goutte de sang pour toi" dit encore Pascal dans le Mystère de Jésus.
 
Deuxièmement parce que Jésus est le seul VISAGE du Bien, l'incarnation du Bien infini. Le Bien n'est pas une idée abstraite, qui serait la même en tous et chacun, c'est une notion analogique. Le Bien est "autre dans les choses autres". Mais il est substantivement en Jésus Fils de Dieu et fils de l'homme, "modèle de toutes les conditions" comme dit Pascal, en particulier modèle de toutes les autorités, parce qu'en lui l'autorité devient un service, modèle de tous les enseignants, parce qu'il donne seul la Vérité tout entière sur notre condition, modèle des riches (remarque aussi Pascal), parce que sa richesse ne passe pas et se diffuse en tous ses membres, alors qu'"à celui qui n'a pas, on enlèvera même ce qu'il a". En même temps, Jésus est modèle des pauvres, il enseigne la vraie pauvreté, celle qui, par l'humilité, rapproche de Dieu. "Il va falloir que l'on enseigne aux pauvres la pauvreté" grommelait Bernanos. Il voulait dire : non la pauvreté revancharde et insatisfaite, mais celle des Béatitudes : Heureux les pauvres car le Royaume est à eux.
 
Enfin le Christ n'est pas seulement celui qui a pris la nature humaine, il est la Personne absolue en qui nos personnes prennent leur subsistance. Il est, au milieu de nous, le jaillissement nouveau d'une existence qui ne cessera pas. Il est l'appropriation parfaite de l'Oeuvre créatrice de son Père. Il est celui par qui la Création devient nôtre pour toujours... Pascal est-il allé jusque là ? Il emploie en tout cas le mot de "personne". La personne, c'est le sujet. Lorsque "Jésus est en toutes les personnes", on peut dire que c'est parce qu'il fait de nous des personnes dans sa Personne, il nous apprend une manière nouvelle et définitive devant Dieu de dire Je.

4 commentaires:

  1. Monsieur l'abbé,

    Je me permets un commentaire sans lien avec l'article.

    Un peu déçu par votre intervention sur Radio courtoisie, notamment à propos de votre méconnaissance du moindre pire. Les électeurs catholiques sont VRAIMENT perdus vis à vis de l'élection qui se profile, parce que pour la première fois, la décision à prendre n'est pas évidente. Ils attendent des personnalités de référence, comme vous, des indications fortes et claires pour les aider.

    Je me permets de vous indiquer ce post qui semble bien résumer la logique du moindre pire et l'attitude à avoir en de telles circonstances:
    http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2008/01/le-moindre-pire.html

    respectueusement,
    RH

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  2. @ RH

    Il me semble que nous ne devons pas demander à nos chers G2T et Webmestre, de nous indiquer pour qui ils votent nommément. Ce serait les piéger, dans un rôle de prescription électoraliste, un peu dérisoire.

    Entendu également l'émission complète (très réussie), sur RC, hier soir, et le réquisitoire de Monsieur Escada, contre François Hollande. Il ne m'a pas convaincu plus que cela, étant donné que le président sortant (le "jeune Papa", déjà Papy), est tout aussi indifférent aux problématiques catholiques que l'ex de Ségolène, sans parler des petites tractations boutiniennes, dont on ne sait s'il faut en pleurer ou en éclater de rire (jaune).

    Cordialement,

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  3. Certes, Hollande se contrefout de la religion catholique comme de sa première fessée (ce qui n'est pas le cas de son ex). Mais au moins il ne joue pas les faux culs en faisant de grands salamalecs au clergé. Avec Hollande au moins on sait à quoi s'attendre.
    Ceci dit les problèmes religieux ne jouent plus qu'un rôle minime dans la vie politique.

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  4. Quel dommage que l'on n'enseigne plus Pascal au Lycée. De mon temps même les profs les plus agnostiques consacraient plusieurs cours à l'étude de ce grand penseur, que ce soit en littérature ou en philo.

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