samedi 10 mars 2012

Samedi de la Deuxième semaine

"La nature humaine ressemble véritablement à un miroir. Elle se transforme selon l'image produite par ses choix. Si elle se tourne vers l'or, elle ressemble à de l'or, dont elle reflète l'éclat. Si elle réfléchit quelque laideur, elle lui emprunte alors ses traits, car elle lui ressemble. Elle prend ainsi l'apparence d'une grenouille, d'un crapaud, d'un cloporte ou de quelque créature répugnante, face à laquelle elle s'est trouvée" 
Saint Grégoire de Nysse, 4ème Homélie sur le Cantique des Cantiques, éd. Migne p. 96
Cette réflexion de Grégoire de Nysse (341-394) renvoie à sa vision de la vocation de l'homme qui est ce qu'est son désir. "Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur" dit Jésus dans l’Évangile que nous avons lu Mercredi des Cendres. Ceux dont le trésor est fait de cloportes et de crapauds deviennent ainsi eux-mêmes des cloportes et des crapauds. Mais ceux dont le trésor est Dieu deviennent Dieu.

Encore faut-il ne pas confondre Dieu et les représentations que nous nous en faisons. Si nous nous perdons dans des concepts que nous construisons nous-mêmes, nous nous écartons de Dieu. Il faut aimer Dieu dans la seule représentation qu'Il donne de lui-même et qui est le Christ. Le Christ est Dieu accessible en vérité, Dieu se rendant lui-même accessible.

Cette idée que, pour le meilleur comme pour le pire; notre nature est poreuse et "ployable à merci (Montaigne), voilà un point fondamental de l'anthropologie chrétienne et que l'on a trop tendance à oublier. On fait comme si la vision chrétienne de l'homme rejoignait la vision rationaliste et laïque dans la perception d'une nature humaine absolue et dont la dignité ne peut jamais se perdre. Ce rapprochement est commode mais il est faux. C'est Pascal qui a raison, une fois de plus. Il est sur la même ligne que Grégoire de Nysse, cela peut faire réfléchir : "La nature de l'homme est toute nature. Il n'y a rien qu'on ne rende naturel. Il n'y a naturel qu'on ne fasse perdre" (LG 537)

1 commentaire:

  1. J'adore lire Montaigne, mais n'est-il pas un philosophe du pessimisme qui accepte les choses telles qu'elles sont. Certes la nature humaine peut être perçue comme une triste chose, mais faut il baisser les bras pour autant ?

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